par Gboy
JAMAIQUE
L’île où il ne fait pas bon être gay
L’homophobie, qui est profondément ancrée dans les mœurs, atteint des sommets. Certaines chansons en tête du hit-parade local vont jusqu’à encourager la population à brûler vifs les homosexuels…
(ci-dessous un article du journal Courrier International)
Si cet article ne vous est pas indifférent, luttez et que l'on sache ce qu'est ce pays :
JAMAIQUE, le pays qu’il ne faut pas oublier ni cesser de combattre par :
- Mails d’information, mails de protestation ;
- Courrier à Amnesty International ;
- Courrier à l’Ambassade ;
- Courrier aux Tours Opérateurs, compagnies aériennes ;
- Chanteurs et artistes ;
- Produits à boycotter ;
- Presse, radios…
- Cour de justice internationale.
- Copiez cet article et transmettez-le.
ou tout autre moyen que vous pourrez utiliser.
THE OBSERVER (extraits) Londres
Chacune des cicatrices de David raconte une histoire horrible. Celle où il a eu la gorge entaillée après avoir été pourchassé dans les rues de KINGSTON, en plain centre ville. Celle où son bras a été cassé à deux endroits. Et l’épisode horrible où sa main droite a été presque entièrement sectionnée, à la hauteur du poignet, d’un coup de machette. Ses pieds portent des marques de coups de bâton et son tympan a été perforé par une matraque. Sans oublier les cicatrices psychologiques qui subsistent depuis le jour où il a dû plonger dans la mer, près de l’aéroport Norman Mailey, et nager à contre-courant pendant quatre interminables heures pour échapper à une mort certaine.
David , 26ans, a été agressé à chaque fois pour la même raison : Il est homosexuel. Au début du mois d’octobre, le Royaume-Uni lui a accordé l’asile au motif que l’homophobie prend en Jamaïque des proportions telles que sa sécurité personnelle était menacée. Le sort réservé aux homosexuels montre sans conteste une profonde tendance homophobe dans la société jamaïquaine, les relations homosexuelles étant considérées comme un crime. La sodomie est punie de dix ans de travaux forcés, et tout homme surpris avec un autre dans une position compromettante – dont la définition est laissée à l’appréciation de chaque représentant de l’ordre et ne signifie parfois rien de plus que se tenir par la main – peut être accusé d’outrage grave à la pudeur et envoyé en prison. Plus de 30 homosexuels ont été assassinés en Jamaïque au cours des cinq dernières années, et la question des droits des homosexuels est loin d’attirer la sympathie de la population. C’est tout juste si l’homophobie n’est pas franchement approuvée, même dans les plus hautes sphères, et les expressions argotiques telles que « batty boy » (de l’anglais « butt », «cul ») ou «chi chi man » sont couramment utilisées pour désigner les homosexuels. Antoinette HAUGHTON, l’une des présentatrices de radio les plus connues dans le pays, a récemment attaqué la culture gay en déclarant à ses auditeurs : « Ils veulent corrompre nos enfants et leur montrer que l’on peut vivre dans l’immoralité et l’obscénité ». L’année dernière, le chef de l’Etat a approuvé l’exclusion des homosexuels du mouvement scout. « Ce n’est pas le genre de personnes que nous voulons voir chez les boy-scouts ».
L’HOMOPHOBIE EST FRANCHEMENT APPROUVEE
La musique jamaïquaine prône souvent le passage à tabac et le meurtre des homosexuels. Au début des années 90, BUJU BANTON (chanteur ragea) remportait un grand succès avec Boom Bye Bye, une chanson qui dit entre autres : « batty boy get up and run ah gunshot in ah head man » (batty boy, lève-toi et cours – une balle dans la tête). Plus récemment, le groupe TOK se retrouva en tête du hit-parade avec Chi Chi Man, dont le refrain encourage à brûler vif les homosexuels.
Se faire traiter d’homosexuel est pour beaucoup d’hommes jamaïquains la pire des insultes, et les dirigeants des deux partis politiques n’y ont pas échappé au cours de la campagne électorale qui s’est déroulée récemment. En 1997, les autorités carcérales voulurent distribuer des préservatifs aux détenus de la prison principale de Kingston. L’initiative provoqua des émeutes qui firent 16 morts et 40 blessés, accusés d’être homosexuels.
Le Premier ministre de la Jamaïque, P.J.PATTERSON (réélu la semaine dernière pour cinq ans), a affirmé l’année dernière qu’il ne changerait rien à la législation homophobe, quoiqu’elle viole les droits de l’homme.
Chez lui, dans le centre de Kingston, un musicien de 28 ans nommé Fitzroy parle des dures réalités de la vie d’un homosexuel en Jamaïque. « C’est horrible. Je ne peux pas vivre en paix et être libre comme tout le monde. Quand je marche dans la rue, j’entends sans arrêt : « Batty man, t’es mort. On va te tuer, on va te couper la gorge. » Je n’arrive pas à trouver de travail. J’ai dû quitter mon dernier boulot quand mon patron a su que j’étais homosexuel. Et je n’arrive pas à trouver de logement. Tous les efforts que tu peux faire pour cacher que tu es homosexuel ne servent à rien. Si on te voit à certains endroits ou avec certaines personnes, tu te fais étiqueter comme gay. Une fois que la persécution commence, ça ne s’arrête jamais. Un jour, j’allais en ville avec deux amis. Tout à coup, j’ai vu un groupe de gens qui venaient vers nous armés de gros bâtons. Nous avons couru au poste de police et nous leur avons dit ce qui se passait. Alors, un policier a pris une matraque et nous a chassé du poste. Quand nous sommes arrivés sur les marches, le groupe nous attendait. Nous avions le policier derrière nous avec sa matraque et les hommes devant nous, avec leurs bâtons. Par chance, un taxi qui transportait des filles que nous connaissions est passé dans la rue. Nous avons couru vers lui et avons réussi à nous échapper. Si ce taxi n’était pas passé, nous serions morts tous les trois cette nuit-là ».
Tony Thomson – Courrier International n° 627. Du 7 au 13 novembre 2002.
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