par victorien
Né il y a presque 40 ans, et branché sur Internet, et ses mirages depuis un mois seulement, j'enrage un peu.
A cette distance, j'essaye de me rappeler : oui, je crois que je me suis découvert gay, au moment de m'apercevoir que ce que je promenais entre les jambes n'était pas qu'un égout banal.
Après, il a fallu gérer.
A tous les niveaux : sur le plan social, venant en plus d'un petit coin de campagne, ça n'était pas admis.
Pour le père, ce n'tait pas supportable.
Pour le curé, c'était péché.
Et j'étais là, à la façon de Brel, coeur en déroute, et la bite sous l'bras...
Il a fallu trouver.
Il y a une chose qu'on pardonnait, à cette époque : c'est d'être utile.
Je me suis donc démerdé pour l'être, à toutes les sauces.
Je faisais les courriers, donnait des conseils, et finit tant et si bien par en faire profession.
Si je n'ai jamais pu, de toutes ces années, brandir ma bite dans la main, j'ai passé mon temps à promener mon coeur à cet emplacement.
Ma maison est devenue lieu de passage, mon téléphone ressemblait au standart de S.O.S. AMITIE, et ma voiture a subi des records kilométriques.
J'ai la fierté d'avoir toujours cherché à faire "ce que je sais faire le mieux", aider, sans pour autant jamais pouvoir aimer.
La nuance tient en une lettre, c'est tout.
Mais je n'ai jamais su dire qui j'étais, par peur de heurter, par peur qu'on lise trop facilement derrière mon dévouement une arrière pensée intéressée, par peur d'avoir à m'expliquer...
Jusqu'au jour où tout s'écroule, à cause d'un changement de travail.
Ceux que j'ai longtemps accompagnés, ceux que j'ai beaucoup aidé se débrouillent maintenant tout seul, le travail ne me prend plus que 35 heures par semaine, et je reste seul 133 heures.
Alrs, j'erre désespérement devant mon écran.
Je voudrais continuer à faire ce que je sais faire le mieux : aimer, aider, le reste, j'ai un peu oublié cette rencontre furtive, il y a vingt ans, quelqu'un dont je cherche encore l'ombre qui s'éloigne...
Pas grand chose, comme réponse. Mais le sexe, j'ai oublié, par contre, le coeur, il me démolit le poignet, tant il est lourd...
Suis-je le seul con dans ce monde ?
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