par jonliyah
Moi c’est Kévin Pontier, aujourd’hui je fête mon 18éme anniversaire… 18 ans synonymes d’indépendance, de liberté, de vie… Un tournant dans une existence…
Moi, c’est il y a 6 mois que ma vie a pris son virage… Quand j’ai rencontré Olivier…
Je me suis longtemps interrogé sur ma sexualité… Quand on est adolescent, on se cherche, on court après notre identité…
Ce jour-là, il pleuvait, c’était un jour de novembre…
Avec Marion (c’est ma meilleure amie, c’est une jeune fille pétillante) nous sommes entrés dans ce café qui nous semblait chaleureux avec une musique légèrement jazzy...
Il était là assis à une table avec des amis, il buvait du thé…
Quand on a franchi le seuil de la porte, il a relevé la tête (comme s’il attendait quelqu’un… le grand Amour… moi peut-être), mon regard bleuté à croiser ses yeux d’un vert pastel… Nous nous sommes fixés pendant quelques secondes avec intensité…
La magie opérait doucement…
C’est à ce moment là que j’ai compris qui j’étais… Je m’étais trouvé…
J’étais Kévin Pontier…
Le soir en rentrant chez moi, j’étais rayonnant, je pétillais de joie… J’ai chahuté avec mon frère et mon cousin (de 2 et 1 ans mes aînés).
Mon cousin vit chez nous à cause de ses études d’infirmier, ça coûte moins cher qu’un logement en ville.
En me couchant, ma dernière pensée était pour ce parfait inconnu croisé dans un petit café de la ville…
Quelques jours plus tard, j’ai décidé de retourner dans ce café…
J’espérais l’y voir, faire sa connaissance…
C’est vrai après tout je ne savais rien de lui, je ne savais même pas s’il préférait les hommes…
Tout ce dont je connaissais de lui, c’était ses yeux verts, son sourire charmant et son penchant pour le thé…
Je suis donc retourné dans ce café…
Je suis entré, il n’était pas là…
Je me suis assis à la table où il était assis la dernière fois, comme pour sentir inconsciemment sa présence…
La vie… enfin l’être humain peut parfois paraître étrange… C’est vrai, y a une semaine, je ne savais pas qui j’étais et aujourd’hui j’attends impatiemment un inconnu…
J’étais donc assis à cette table, j’ai commandé un coca…
Déçu de ne pas le voir…
Au bout d’une demi-heure, alors que je sirotais mon soda en lisant le dernier ouvrage d’Amélie NOTHOMB, il est entré, le visage tout humide par la pluie…
(et oui il pleuvait encore ce jour-là… nous sommes en novembre, c’est normal, l’hiver approche)
En essuyant les gouttelettes qui descendaient de sa chevelure sur son front, il tourne la tête en direction du comptoir… La serveuse le remarque et lui lance « comme d’hab’ »… Il hoche la tête en guise de « oui »…
Ensuite sa tête à tourner de gauche à droite pour trouver une table… Il me remarqua… Nos regards se sont fixés, puis j’ai baissé les yeux sur mon livre…
Il s’est approché de ma table, a hésité puis m’a demandé avec une voix légèrement rauque et si douce, s’il pouvait se joindre à moi…
Moi, sans nul doute « rouge » de timidité, je bredouille un léger « oui ».
Il prend place avec toute sa délicatesse…
La serveuse lui apporte peu de temps après son thé… Un thé vert à la menthe…
Il se sert une tasse… Aucun mot, moi je l’observe du coin de l’œil derrière mon bouquin…
Il repose la théière et engage la conversation.
- Intéressant ce que tu lis… Moi j’ai adoré !
Je lève les yeux pour le regarder.
- C’est ma meilleure amie qui me l’a conseillé.
- C’est quoi ton prénom ?
- Kévin ! répondis-je nigaud
- Ravi de faire ta connaissance Kévin… Moi c’est Olivier ! me répondit-il en me tendant la main
Je saisis sa main… Elle est douce et légèrement moite… La toucher me provoque une sensation étrange.
S’en suit une discussion des plus banales qui consiste à apprendre à nous connaître, c’est ce jour là que j’ai appris qu’il venait d’avoir 23 ans, qu’il avait un frère plus vieux et une sœur plus jeune, un meilleur ami qui vivait dans le Sud et qu’il était comptable dans une petite société qui s’occupait de la sécurité des parkings des supermarchés, la nuit.
Une conversation banale mais ciblée sur nos vies…
Connaissait-il mon penchant (si fraîchement découvert) pour les hommes ?
Je ne sais pas…
Vers 17h30, j’ai du quitté le café pour prendre mon bus, en partant il me dit « à bientôt, j’espère ».
Pas un jour ne passa sans que je pense à lui, avant de m’endormir ou en me levant…
Mon envie de le voir était si intense que je ne pus m’empêcher de retourner dans ce café…
Il était là, toujours assis à la même place, quand il me vit rentrer, il me fit un clin d’œil, signe d’invitation…
Je pris place à sa table… il m’attendait…
15 jours plus tard, après de nombreux cocas et thés vert à la menthe avalés, de discussions sur lui, sur moi, sur son homosexualité découverte 6 ans auparavant et la mienne si fraîchement arrivé dans ma vie, nous formions un joli petit couple…
Ce qui m’a le plus surpris, les premiers jours, ce sont les gestes tendres…
Moi qui n’avais échangé qu’un seul baiser, à l’âge de 7 ans avec Camille Genty, pour avoir un bonbon à la fraise…
Nous étions dans son appartement, rue des Francs Bourgeois, assis sur son divan regardant la télévision, quand sa main s’est posé sur la mienne… Je l’ai regardé et je ne sais comment mais mes lèvres ont effleuré les siennes, elles avaient un goût sucré, puis poussés par la passion s’ensuivit un long et délicieux baiser…
Plusieurs jours plus tard, Olivier m'avise son envie que je reste dormir chez lui…
Mes parents n’étaient pas au courant, pour eux je partais dormir chez Marion.
Notre première nuit d’amour était une merveille, elle mélangeait tendresse, sensualité, volupté, amour, passion, désir…
Moi qui appréhendais ce moment, Olivier a su le rendre magique avec toutes ses bougies parfumées qui nous entouraient…
Les secondes, les minutes, les heures, les jours, les semaines, les mois avançaient et ne se ressemblaient pas…
Je passais de plus en plus de temps avec et chez « l’Homme de ma vie » (comme j’aimais l’appeler)…
Tout se passait merveilleusement bien, j’avais même réussi à remonter ma médiocre moyenne…
Poussé par la passion, j’annonce à Oliver, un matin, mon irrésistible désir d’avouer au grand jour notre amour, et à commencer par ma famille…
Olivier m’a tout de suite calmé en me rappelant sa propre expérience, lui aussi l’a avoué à ses parents mais ses derniers ne l’ont pas du tout accepté…
Ils lui ont tourné le dos…
Moi, j’étais trop aveuglé par ce trop plein de bonheur, je n’étais plus rationnel mais si j’avais su…
J’ai préféré commencer par ma mère, pour ces choses-là, je pense que les mères sont beaucoup plus compréhensible…
Je suis entré dans la pièce et refermé la porte derrière moi, je tremblais… Je lui ai dit…
Sa première réaction a été de me demander depuis combien de temps….
Je lui ai répondu « depuis 6 mois, depuis que j’ai rencontré Olivier »…
Tout de suite, elle me demande si je suis heureux et s’ensuit une discussion sur son beau-fils…
Puis, elle finit par me dire « fais attention, mon chéri » avec un doux baiser sur le front…
Je n’avais pas vu que durant mon entretien, la porte s’était ouverte et que quelqu’un avait écouté…
19h30, mon père rentre avec mon frère, comme à son habitude mon frère monte voir mon cousin et mon père dans son bureau…
Après de longues inspirations-expirations, je frappe à la porte du bureau et rentre…
« Papa, j’ai quelque chose à te dire »… et j’entrepris calmement mon long monologue pour enfin lui annoncer, « Papa, j’aime les hommes »…
Après un long laps d’hésitation, il finit par lever la tête de ses papiers et me dit « tu te protéges ? »…
Je réponds « oui » et que j’entretiens une relation stable et sérieuse depuis six mois…
Il hoche la tête… Rien de plus… Je sors de la pièce pour me rendre dans ma chambre…
J’écoutais tranquillement « Le Prince Bleu » de RoBERT, quand il a débarqué…
J’étais debout prés de mon armoire, je m’apprêtais à choisir des vêtements pour le lendemain, mon frère m’a attrapé violemment le col et m’a collé contre le mur…
Il m’a tenu un long discours violent sur mon homosexualité (visiblement s’était le seul qui avait du mal à l’accepter, je pensais qu’avec le temps il se bonifierait)…
Puis il me dit que l’on va me trouver un médecin pour me soigner et je lui ai répondu « je ne suis pas malade »…
Il a levé son bras quand notre mère nous a appelés pour se mettre à table…
Plusieurs jours plus tard, Olivier et moi étions en ville, nous nous promenions (il m’a fait découvrir les lieux branchés de la ville) quand soudain nous avons croisé mon frère avec sa bande d’amis…
Qui aurait cru que mes géniteurs enfanteraient mon assassin ?
Anthony, mon frère, m’a arraché le bras pour que je lâche la main d’Olivier…
Il m’a éloigné et m’a tenu un nouveau long discours plus injurieux pendant que ses potes « s’occupaient » d’Olivier…
J’ai tourné la tête, j’ai vu le spectacle : Olivier recroquevillé sur le bitume, les autres le ruant de coups de pieds…
Je me suis défait des griffes de mon frère et courut pour sauver mon amour…
J’ai tenté d’écarter ces brutes, je n’avais pas assez de force…
Olivier avait les yeux fermés, il semblait dormir paisiblement…
Etant impuissant, j’ai décidé de m’allonger sur lui pour le protéger…
Ils continuaient de frapper de plus en plus fort jusqu’à ce qu’Anthony me relève…
Me cramponnant le bras droit, il me dit : « Sale PD », et me colle un uppercut, qui me colle au sol…
C’est tout ce dont je me souviens…
Aujourd’hui nous sommes le 17 mai 2005, à l’hôpital Saint-clément…
Tout le monde est là : ma mère qui pleure, mon père qui la console, Marion d’habitude si rayonnante, mon cousin inquiet et même mon frère.
Ils sont tous autour de moi, qu’attendent-ils, que je souffle mes 18 bougies…
Tiens, voilà un cortège d’infirmières et de médecins qui pénètrent dans ma chambre avec des instruments de tortures…
Ils s’acharnent sur moi…
Je pense que c’est trop tard…
C’est fini…
Auteur : Jonathan Angoin
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