04/04/2005 Le pape Jean-Paul II est mort le 2 avril, au Vatican, à Rome. En 1978, alors que l'Église catholique semblait assouplir sa position envers l'homosexualité, l'élection de Karol Wojtyla, un évêque polonais, au Saint-Siège, met fin aux espoirs d'évolution favorable en matière de mœurs. En 1986, Jean-Paul II lance sa première offensive contre l'homosexualité. Dans une «Lettre aux évêques de l'Église catholique sur la pastorale à l'égard des personnes homosexuelles», rédigée par le Cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le pape assume dès cette époque une position particulièrement ferme : «Bien qu'elle ne soit pas en elle-même un péché, l'inclination particulière de la personne homosexuelle constitue néanmoins une tendance, plus ou moins forte, vers un comportement intrinsèquement mauvais du point de vue moral. C'est la raison pour laquelle l'inclination elle-même doit être considérée comme objectivement désordonnée.» L'orientation homosexuelle n'est donc pas, en soi, un péché, mais elle est mauvaise. Le texte poursuit : «On doit éviter la supposition, injustifiée et dégradante, que le comportement homosexuel des personnes homosexuelles est toujours et absolument compulsif, et dès lors irresponsable. En réalité, il faut aussi reconnaître à ceux qui ont une tendance homosexuelle la liberté fondamentale qui caractérise la personne humaine et lui confère sa dignité particulière. En raison de cette liberté, comme en tout renoncement au mal, l'effort humain, éclairé et soutenu par la grâce de Dieu, pourra leur permettre d'éviter l'activité homosexuelle.» 26 ans de règne En 26 ans de pontificat, la position du pape sur le sujet est restée la même. Au fil des années, tandis que de plus en plus d'États reconnaissaient les couples gay et lesbiens, l'opposition du Vatican à l'homosexualité s'est focalisée sur la défense de la «famille traditionnelle». En France, par exemple, la conférence des évêques a qualifié la loi de 1999 sur le Pacs d'«inutile et dangereuse». En février dernier, avec la publication du cinquième livre du pape, «Mémoire et identité», recueil d'entretiens entre le chef de l'Église catholique et deux philosophes, datant de 1993, Jean-Paul II réaffirmait son opposition au mariage des homos : «Il est légitime et nécessaire de se demander s'il ne s'agit peut-être pas d'une composante d'une nouvelle idéologie du mal, peut-être plus insidieuse et plus secrète, qui tente d'opposer les droits humains à la famille et à l'homme.» Cette rigueur morale, à la limite de la rigidité, s'exprime aussi par l'intransigeance du pape sur la place des femmes. Une opposition constante au préservatif En ce qui concerne le sida, Jean-Paul II ne s'est guère montré plus ouvert. Prônant la fidélité et la chasteté comme moyens les plus efficaces de lutter contre la maladie, il considérait que «l'acte contraceptif est intrinsèquement illicite : la norme morale est telle qu'elle ne peut souffrir d'exception». Les associations ne le lui pardonneront pas. En 1995, Jean-Paul II publie son encyclique Evangelium vitae. Profitant de ce que le texte est libre de droit, Act Up-Paris en publie une version- la seule disponible en kiosque-, avec, en dernière page, une photo d'un Jean-Paul II ensanglanté et une phrase : «Ce pape est un assassin». L' Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française (Agrif), proche du Front national, en prend ombrage et poursuit l'association. Fait rarissime, elle est déboutée. Le juge estime que le pape étant un chef d'État, une association ne peut pas agir en son nom. L'Agrif obtiendra en revanche gain de cause des années plus tard, contre une autre association, Aides 31, dans l'affaire de la «Sainte Capote». Enfin, en 2003, un lexique des mots ambigus concernant la famille, la vie et les questions éthiques publié par le Vatican accusait les partisans du préservatifs de cacher le fait que des tests montrent que dans 10% des cas, la capote ne protègerait pas du sida. Des résistants catholiques peu nombreux Tous les catholiques ne sont cependant pas sur la même longueur d'ondes, et une résistance, minoritaire et peu médiatisée, s'est mise en place. En France, elle est en partie incarnée par Mgr Jacques Gaillot, qui dès 1989 accordait un entretien à Gai Pied. Le 2 février dernier, lors d'un chat organisé sur le site de L'Internaute Magazine, il se prononçait une nouvelle fois pour l'ouverture du mariage aux couples du même sexe. Cette ouverture d'esprit, dont il fait preuve dans de nombreux domaines, lui a valu un diocèse sans fidèles dans le désert africain. |
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