13/01/2006 Les faits remontent au 5 juin dernier, mais Romain vient à peine d'être reçu à l'Inspection générale des services de police (l'IGS ou «police des polices»), qui a enregistré sa plainte contre X pour «injures à caractère discriminatoire, arrestation et séquestration arbitraire et menace aggravées» à l'encontre des policiers intervenants ce soir-là. Revenant d'une soirée avec un ami dans le Xe arrondissement de Paris, Romain, grand jeune homme de 27 ans, a été stoppé et plaqué violemment contre le mur par une équipe de trois policiers en uniforme. «Je leur ai dit que je rentrais à mon domicile car j'étais auparavant avec un ami de sexe masculin à l'hôtel et que nous avions eu des relations sexuelles», explique-t-il aujourd'hui. «J'ai ajouté que la fille se trouvant dans la voiture des policiers avait dû se faire taper et qu'ils pensaient que c'était moi. Aussitôt, ils m'ont violemment embarqué.» Romain a porté plusieurs jours des marques de la violence de l'arrestation. «Dans le fourgon, reprend Romain, les policiers ont continué à me crier dessus en proférant des injures homophobes telles que "la bonne excuse de se dire pédé pour ne pas avouer qu'on viole des femmes", "Tu sais ce qu'on leur fait aux gros pédés comme toi en prison, on les saute et après ils ont un trou du cul en étoile de mer", "Tu vas voir, tu vas déguster, ça va te faire tout drôle". Les insultes fusaient et j'ai du mal à me souvenir de toutes.» Les policiers accusent Romain d'avoir violé une jeune femme (celle-ci affirme alors le reconnaître, malgré le décalage avec sa description du suspect) et s'étonnent de l'absence d'objets «communautaires». Ils n'auraient apparemment pas vérifié la présence de Romain à l'hôtel ce soir-là. Ils le conservent deux fois en garde à vue dans une cellule «infecte, avec du vomi, sans WC ni rien à manger» pendant 24 heures, puis dans un autre commissariat, lui refusant d'appeler sa famille ou son avocat, simplement un commis d'office. «De "détraqué hétérosexuel", j'étais passé en fait à "homo misogyne", ils me demandaient si j'avais "une dent contre les filles"». Après deux nuits en cellule, Romain est relâché avec la promesse d'être appelé pour une comparution immédiate. Depuis, il n'a reçu aucune nouvelle. En état de choc, il est placé 7 jours en arrêt de travail. L'enquête de Têtu confirme son arrestation, mais aucune trace n'existe aujourd'hui de charges retenues contre lui. «Le procureur qui a enregistré ma plainte affirme que mon dossier a disparu», explique Romain, qui n'entend pas en rester là. S'il est difficile d'estimer la rareté du cas de Romain, il n'est pas fréquent qu'un homo ose porter plainte contre des abus supposés de la police. |
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