18/01/2006 Le proviseur du lycée Peytavin à Mende (Lozère), révoqué par le ministre pour avoir animé un blog qui contenait –selon le ministère- «des écrits et photos pornographiques» (lire Quotidien du 17 janvier), a accordé un entretien à l'AFP dans lequel il juge cette sanction «disproportionnée». À la lecture de son blog et des innombrables témoignages d'internautes le connaissant ainsi que des proches et des parents d'élèves, il apparaît que ce serait plutôt le ton sacarstique et ironique du blog, ainsi que la liberté d'écriture quant à son homosexualité qui lui aient été reprochés, même si l'argument soulevé par l'administration est celui de la pornographie. «Cette décision est disproportionnée dans la mesure où il est exceptionnel ou atypique d'être révoqué alors qu'il n'y a pas de traduction au pénal. C'est une décision administrative infamante», a expliqué le proviseur à l'AFP, avant de revenir sur le contenu même de son blog. «Je le dis clairement: il n'y avait rien de pornographique ni d'obscène dans mes écrits, pas de nudité frontale, pas de sexe en érection, pas de couple en action sur mon blog. Les photos qui pouvaient illustrer mon blog représentaient des hommes en slip ou en caleçon. Quand je vois la publicité actuelle faite par Mariner, on peut dire que ce n'était pas plus agressif que ce qui est affiché.» Ce sont justement des photos d'hommes en caleçon ou en slip qui ont été présentées à la commission paritaire (composée de membres de l'administration et du personnel) réunie afin de se prononcer sur sa révocation. «Mon blog était un journal intime que je partageais avec 40 lecteurs réguliers. Sur le plan professionnel, surtout lorsqu'on doit prendre des décisions, on est seul. Je parlais de mon homosexualité, de ma vie personnelle ou sentimentale, je ne parlais pas de ma vie sexuelle.» De leur côté, les représentants de la FSU au conseil d'administration du lycée ont déclaré dans un communiqué que l'événement, «mal géré par l'institution», «installe les personnels dans un grand malaise et un grand doute». Les syndicalistes rappellent que cet homme «en peu de temps, avait complètement réussi son adaptation, tant du point de vue humain que professionnel, dans un lycée qui avait bien besoin d'un "vrai pilote"». Les représentants de la FSU, qui demandent une véritable clarté sur l'affaire, soulignent que les représentants du personnel de direction qui ont eu connaissance du dossier «remettent totalement en cause l'aspect mis en avant par le représentant du ministère, à savoir les écrits et photos à caractère pornographique. Pourquoi avoir mis en avant ce caractère s'il n'est pas avéré? Ce serait alors une grave manipulation.» Enfin, le Collectif contre l'homophobie de Montpellier, après avoir été en contact avec le proviseur, stigmatise le traitement médiatique de l'affaire et notamment la volonté de certains journalistes de dévoiler l'identité du proviseur «alors que la procédure administrative n'est pas arrivée à son terme. En agissant de la sorte, ces journalistes ont violé la vie privée de cet homme, piétiné sa présomption d'innocence et bafoué son honneur. Le droit d'informer n'excuse pas toutes les dérives et tous les dérapages». «Si un chef d'établissement se doit d'être un exemple, l'Éducation Nationale le doit à plus forte raison, et quel exemple donne-t-elle aujourd'hui si ce n'est celui d'une violente intolérance?» s'inquiète pour sa part SOS Homophobie. Le Collectif contre l'homophobie de Montpellier souligne également que «de nombreux témoignages de solidarité, émanant d'élèves (actuels ou anciens), de parents d'élèves, d'enseignants, de collègues et de citoyens, affluent depuis 48h. Ces marques de sympathie réconfortent ce proviseur qui en remercie les auteurs.» Une pétition de soutien vient d'ailleurs d'être initiée par des internautes. Le proviseur, qui se sent très isolé et se retrouve sans revenu ni logement puisqu'il doit quitter son logement de fonction, a déposé un recours gracieux auprès du ministre de l'Éducation, et devrait également saisir la commission supérieure de la fonction publique avant d'envisager de saisir le tribunal administratif le cas échéant. Par ailleurs, même s'il avait décidé de fermer son blog à la suite de la demande de sa hiérarchie, il est possible d'accéder à certaines archives. http://new.petitiononline.com/Garf/petition.html http://web.archive.org/web/*/http://www.garfieldd.com |
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