20/03/2006 Comment en êtes-vous arrivée à déposer le bilan? C'est simple: la troisième édition du salon a connu une baisse de 40% du chiffre d'affaires. On faisait face à un passif de 195.000 euros, supérieur à l'actif, pour un budget global d'environ 1 million d'euros. Les banques nous ont alors complètement lâchés. Je me suis retrouvée dans une impasse. Il faut savoir que Rainbow Attitude a été créé par quatre personnes avec nos fonds propres. Moi-même, j'y ai apporté 50.000 euros. Cela a toujours été très dur. Lors de la première année, un prestataire nous a fait défaut, et l'exercice a été difficile. Le deuxième salon a été bénéficiaire de 96.000 euros, entièrement réinjectés dans l'entreprise. La troisième édition a surtout connu une baisse de la vente de stands, car les 30.000 entrées du salon, dont beaucoup étaient non payantes, ne représentent que 8% du chiffre d'affaires. Mes associés (Philippe Benhamou, Philippe et Jean-Claude Sultan) ont également fait des sacrifices. Deux d'entre eux, ayant des familles, ont dû retrouver du travail. Jean-Claude Sultan est toujours auprès de moi pour m'aider. En décembre, j'ai dû procéder au licenciement de tous mes employés et j'ai commencé à chercher des gens pour entrer dans la société, sous forme d'augmentation de capital, sans succès. Un mandataire a été nommé afin de liquider la société. Comprenez-vous la colère des prestataires non payés? Je la comprends parfaitement. Mais je suis à terre. Ce sont quatre années de ma vie qui s'arrêtent ainsi. Rainbow Attitude a été un investissement militant, et un pari financier. J'ai cherché toutes les solutions. On ne crée pas une société dans le but de la planter. Mais le fait de ne pas payer un prestataire ne fait pas de moi un escroc. Suite à l'article de Têtu, j'ai donc déposé une plainte auprès du procureur de la République pour dénonciation calomnieuse, contre la prestataire qui parlait d'«arnaque». Mais pourquoi être restée silencieuse pendant des mois alors que la rumeur enflait sur le dépôt de bilan de Rainbow Attitude? Après avoir procédé au licenciement des salariés, je recherchais des gens pour sauver l'entreprise. En février, quand vous avez tenté de me joindre, je n'avais pas fait la déclaration de cessation de paiement, je ne pouvais donc pas communiquer. Cela ne me réjouit pas de ne pas avoir payé mes prestataires et de déposer le bilan. Je suis actuellement sous antidépresseurs. Ne pas payer mes prestataires est une chose que je regrette, mais aujourd'hui, comment je pourrais faire autrement ? A posteriori, pensez-vous qu'un salon pour les gays et les lesbiennes était un projet impossible? Notre seul tort a été de démarrer en autofinancement. On a toujours travaillé avec l'épée de Damoclès au-dessus de la tête. Mais je ne remets pas en question l'idée du salon, cela aurait pu marcher avec le soutien des banques. La baisse de revenus est en partie due à la conjoncture économique puisque tous les salons connaissent des difficultés. Avez-vous reçu des soutiens dans cette épreuve difficile? Très peu. J'en ai eu de mes proches, de certains exposants, tel Jean-François Chassagne, qui m'a beaucoup épaulée alors que j'étais en dépression. Je tiens surtout à remercier tous les visiteurs et les exposants, ainsi que les salariés, tous ceux qui nous ont fait confiance et nous ont soutenus. Alors qu'il y a peu d'événements fédérateurs dans l'année, c'est dommage que celui-ci disparaisse. On travaille tous dans le même sens, celui d'une plus grande visibilité. Je pense que je vais au moins essayer de continuer l'annuaire Genres des associations, parce que c'est vraiment mon bébé. Mais c'est encore trop tôt pour savoir ce que je ferai. Cet entretien a été relu. |
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