10/05/2006 «Sale pédé, va crever du sida!» Ce sont les dernières injures que Martin, 16 ans, affirme avoir subi de la part des autres élèves du lycée privé Lafayette, à Paris. Depuis la rentrée de septembre, cet élève de seconde, ouvertement homosexuel, serait régulièrement insulté. Malgré des résultats scolaires flatteurs, il est régulièrement absent en classe. Les choses se sont envenimées depuis la semaine dernière, lorsqu'il s'est fait teindre les cheveux en rose. Le directeur adjoint de l'établissement lui aurait alors soufflé, suite aux insultes de ses camarades: «C'est normal qu'on t'insulte, ce n'était pas la peine d'afficher ta sexualité», avant de lui demander de ne pas revenir en classe. Vendredi 5 mai dernier, une vingtaine de militants d'associations de lutte contre les discriminations (Les Putes, le GAT, Étudions Gayment et DEGEL) sont intervenus dans cet établissement pour dénoncer l'homophobie honteuse qu'a dû subir Martin. «Une discussion de deux heures nous a permis de se rendre compte du discours limite des élèves, proche des propos du député Vanneste sur l'infériorité du comportement homosexuel, affirme Nikita du collectif Les Putes. Les professeurs ne se sont rendus compte de rien.» Interrogé par Têtu, le directeur du lycée Lafayette, M. Macheto, temporise: «Martin est un élève fragile qui était absent à 80% des cours depuis la rentrée, affirme le directeur, sans confirmer ni infirmer les propos tenus par le directeur adjoint. Il s'est persuadé qu'il était rejeté pour sa différence, mais ce n'est pas le cas. D'ailleurs, il n'est pas renvoyé. Depuis vendredi, j'ai sensibilisé les professeurs sur les discriminations homophobes.» Contacté par téléphone, Martin a déclaré à Têtu que le directeur adjoint du lycée s'est engagé à distribuer à tous les élèves une copie de loi du 31 janvier 2004 réprimant les propos sexistes et homophobes. Martin a expliqué qu'il avait arrêté d'aller en cours parce qu'il ne supportait plus le climat autour de lui et notamment l'absence de réactions de ses professeurs. Le Centre gay, lesbien, bi et trans de Paris a envoyé une lettre ouverte au ministre de l'Éducation nationale pour qu'il «adopte sans tarder les mesures qui s'imposent.» «Il n'est que plus urgent de mettre en place un réel plan de prévention des discriminations anti-LGBT dans le cadre de l'école, affirme Martine Billard, députée (Verts) de Paris, que ce soit en donnant toute sa place à l'information sur la pluralité des sexualités et des identités de genre dans les heures consacrées à l'éducation sexuelle, ou en favorisant l'octroi d'agréments aux associations extérieures pour délivrer leurs messages de tolérance en milieu scolaire.» |
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