28/12/2006 «Vous pouvez appeler le gamin. Il est régularisé», a annoncé par téléphone Nicolas Sarkozy le 23 décembre dernier à Josiane Balasko, marraine républicaine de Karim*, jeune Algérien de 18 ans menacé d'expulsion depuis août 2006 par la préfecture de la Gironde. Cette heureuse nouvelle est intervenue le lendemain de la décision de la cour administrative d'appel de Bordeaux qui confirmait l'arrêté de reconduite à la frontière de Karim (lire Quotidien du 22 décembre). Me Landete, avocat du jeune homme, attend de recevoir à son cabinet, d'ici la fin de cette année 2006, le document officiel d'admission au séjour de Karim à «titre humanitaire». Le principe de ce type de régularisation repose sur un renouvellement «automatique» d'une année sur l'autre. «Lorsque Josiane Balasko m'a appelé pour m'annoncer que le ministre de l'Intérieur allait régulariser ma situation, je n'y croyais pas. J'étais choqué. Cette histoire dure depuis un moment et il a juste fallu d'un coup de téléphone pour que mes problèmes disparaissent… Je suis heureux, mais toujours stressé. J'attends d'avoir les papiers entre les mains», a confié Karim. Le jeune homme voit donc enfin le bout du tunnel après cinq mois d'acharnement juridico-administratif, grâce à une décision du ministre de l'Intérieur qui vient casser celle du tribunal administratif. Cependant, la parution de sa photo non-floutée le 12 décembre dans le quotidien régional Sud Ouest à l'occasion de son parrainage républicain à Bordeaux a gravement compliqué sa situation. En effet, le quotidien algérien El Watan aurait repris cette photo, portant à la connaissance des parents en Algérie la situation de leur fils en France. «Ma mère m'a appelé parce qu'il y avait un article sur moi avec ma photo dans un journal algérien. Mes parents n'étaient pas contents. Ma mère m'a dit que mon père ne voulait pas de moi à la maison parce que j'étais homo. Elle a ajoutée qu'il me tuerait.». Enfin, l'oncle et la tante, installés dans l'agglomération bordelaise, chez qui Karim est accueilli depuis son arrivée en France le 17 octobre 2004, ont appris avec la parution de cette photo dans Sud Ouest à la fois la situation dans laquelle leur neveu se trouvait et, dans le même temps, son homosexualité. «Tu es la honte de la famille. Avant d'aller voir un avocat, c'est un médecin que tu aurais dû consulter afin de te faire soigner», aurait dit l'oncle au jeune homme avant de le mettre à la porte, selon Matthieu Rouveyre, conseiller municipal socialiste à Bordeaux. Depuis le 23 décembre, l'élu s'est rapproché du cabinet d'Alain Rousset, président PS du conseil régional d'Aquitaine, afin de tout mettre en œuvre pour lui trouver un hébergement. Il semblerait que le conseil régional mette à disposition, d'ici la rentrée scolaire début 2007, une chambre dans une résidence lycéenne à proximité de son école. Pour l'heure, le réseau de solidarité qui s'est tissé autour de lui continue de fonctionner. Karim est hébergé chez des amis à Bordeaux. Pendant ses vacances de fin d'année, il travaille dans un hôtel. Sa situation est effectivement sur le point d'être régularisée, mais au prix d'un très lourd tribut. Rejeté par ses proches en Algérie et aujourd'hui en France, ce jeune homme de 18 ans aura vécu son cauchemar dans un isolement quasi total sans jamais se plaindre. Son seul vrai confident aura été et reste son petit ami Dorian*. «L'avenir? J'envisage une vie normale comme tout le monde. Finir rapidement mes études et trouver un travail. N'importe quoi.» *Les prénoms ont été modifiés |
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