28/12/2006 Pourquoi avez-vous décidé de soutenir Karim* après avoir soutenu les expulsés de Cachan? Je le fais par conviction. En prenant la défense des sans-papiers, j'ai rencontré différentes personnes, comme Razzye Hammadi, le président du Mouvement des jeunes socialistes. C'est par son biais que Matthieu Rouveyre [conseiller municipal PS de Bordeaux] m'a appelé pour m'expliquer la situation de Karim, il y a environ trois semaines. Par bonheur, je n'étais pas très loin de Bordeaux, ce qui m'a permis de participer à son parrainage républicain. À cette occasion, nous avions invité les médias. Sur place était également présent tout un réseau d'entraide comme RESF et les associations homos qui se sont mobilisées autour de Karim. Après ce parrainage, nous étions dans l'attente de la décision de la cour administrative de Bordeaux puisque le préfet avait fait appel. L'audience s'est déroulée le 19 décembre et trois jours après la décision tombait. Entre temps sa photo est parue dans le quotidien El Watan en Algérie. Matthieu m'a rappelé aussitôt pour me dire que Karim risquait trois ans de prison dans son pays. J'ai téléphoné tard dans la nuit au ministère de l'Intérieur afin d'expliquer en détail sa situation et ce qu'il encourait vraiment si son expulsion avait lieu. Deux jours plus tard, le 23 décembre, Nicolas Sarkozy m'a téléphoné pour me dire qu'il avait examiné la situation de Karim et qu'il le régularisait. Ça a été un très beau cadeau de Noël. Ce soir-là, sur scène, j'ai joué de manière très légère. Comment jugez-vous la politique concernant les sans-papiers? Je pense qu'elle est incohérente. Il y a eu la parution d'une circulaire. Les gens de bonne foi se sont présentés devant les préfectures et ont été expulsés. C'est inacceptable. Ce sont des manœuvres électoralistes qui brisent des vies. Il y a beaucoup de cas comme celui de Karim dont on ne se préoccupe pas. Ils font du chiffre. Je pense qu'il faut remplir des quotas. Ils ont décidé qu'il fallait virer des milliers de personnes. Et personne ne s'attarde au cas par cas. Pour Karim, il s'est trouvé que j'étais là et que j'ai pu intervenir afin que sa situation soit examinée. Comment expliquez-vous que, sans votre aide, Karim aurait probablement été expulsé? S'il n'y avait pas eu de bruit autour de lui, il aurait été expulsé. Le fait que j'intervienne a été décisif, mais dans une situation pareille le ministère de l'Intérieur ne pouvait pas faire autrement que de le régulariser parce que dans le cas contraire les lois d'hospitalité française et de droit d'asile auraient été bafouées. Pour la famille Raba, je ne pouvais pas être présente. Si moi ou d'autres personnalités avec une crédibilité médiatique ne sommes pas présentes sur le coup, c'est fini pour ces gens-là. Ils partent. C'est à l'initiative de Jack Lang, en juin 2006, que plusieurs personnalités se sont engagées à «protéger les enfants». Quels sentiments éprouvez-vous après ces sept à huit mois d'actions aux côtés des sans-papiers menacés d'expulsions? À part Jack Lang, je pense que les politiques se bougent très peu. À l'exception d'une certaine droite dont nous connaissons la position concernant les sans-papiers, ce sujet n'est abordé par personne en politique. Ce matin, j'entendais aux informations que certains juges prenaient des décisions qui annulaient des arrêtés de reconduites à la frontière. Il y a donc des justes. Ça me rassure d'une certaine manière. Ces questions-là sont surtout l'affaire des mouvements citoyens. La gauche se tait sur le sujet. À titre personnel, les gens occupent des positions, mais officiellement personne ne prend partie. À Cachan, nous étions très peu à nous battre. Avec nous, il n'y avait que les élus communistes et ceux du Val-de-Marne, mais les élus officiels de la gauche n'y étaient pas et n'ont pas dit grand-chose. Je trouve ça vraiment regrettable. Il faudrait que l'Europe puisse avoir une vraie politique d'aide à l'immigration. C'est vital. *Le prénom a été modifié |
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