10/04/2007 S'inspirer de la réaction immunitaire contre le virus du sida des rares individus séropositifs qui semblent lui résister durablement sans traitement, pourrait contribuer à la mise au point d'un vaccin, font valoir les auteurs de travaux rendus publics hier. «Il y a une minorité de patients -moins de 1%- qui a trouvé dans son système immunitaire la capacité à avoir une bonne réponse antivirale, somme toute c'est ce qu'on attend d'un vaccin préventif», a expliqué à l'AFP le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS). Des chercheurs de l'Institut Pasteur sous la direction de Françoise Barré-Sinoussi et de l'Inserm (Alain Venet), en collaboration avec une équipe de l'hôpital Bicêtre dirigée par le Pr Delfraissy, ont cherché à expliquer comment ces personnes réussissent à contrôler le VIH. Les résultats, publiés dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences américaine (Proceedings of the National Academy of Sciences), montrent comment certaines cellules immunitaires, des lymphocytes CD8, sont «spontanément capables de contrôler l'infection par le VIH-1» chez ce type de patients. Les lymphocytes CD8 «détruisent immédiatement les cellules CD4 dès qu'elles sont infectées, le virus n'a pas le temps de se multiplier» dans ces cellules qu'il parasite pour s'y reproduire, souligne le Pr Delfraissy. Les patients restent séropositifs mais leur charge virale (quantité de virus) est indétectable, ajoute-t-il. Ils vont bien, sans avoir besoin de traitement. Véritables cellules tueuses, les lymphocytes T CD8 se caractérisent par la rapidité et la puissance de leur réaction chez ces patients très particuliers appelés «contrôleurs du VIH». Sans stimulation préalable, ces lymphocytes sont capables d'inhiber totalement, in vitro, l'infection des cellules CD4, selon les équipes de chercheurs. L'étude, qui a porté sur 11 patients «contrôleurs du VIH» dont certains avaient été diagnostiqués séropositifs dès 1983, a aussi permis de découvrir deux marqueurs permettant de repérer les CD8 spécifiques anti-VIH. «Cela peut être une piste pour mieux définir des marqueurs de ce que serait une bonne réponse vaccinale», précise le Pr Delfraissy, soulignant que l'objectif des vaccins est bien de fabriquer des CD8 spécifiques. Ce qui se passe chez ces patients est donc, selon lui, «un très bon exemple de ce qu'on devrait essayer de construire avec les vaccins». Une équipe américaine s'était aussi inspirée de l'exemple des patients «contrôleurs du VIH» pour trouver un talon d'Achille du virus, possible cible d'un vaccin anti-sida, selon des travaux publiés en février dans la revue scientifique britannique Nature. «Une fois de plus, les Américains ont eu les mêmes idées au même moment», commente le Pr Delfraissy, reconnaissant que les équipes françaises autour de l'ANRS et celles rassemblées par les Instituts nationaux de santé américain (NIH et NIAID) sont «en concurrence». «C'est, poursuit-il, un sujet extrêmement chaud en ce moment de la recherche sur le VIH». Après avoir été «obnubilées par les traitements, pendant des années», les équipes se penchent sur les séropositifs qui vont bien, pour comprendre pourquoi. |
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