19/05/2008 La lutte n'aura pas été vaine. Plusieurs associations LGBT ont rencontré, samedi 17 mai, la secrétaire d'État aux droits de l'homme, Rama Yade, dans le cadre de la Journée internationale contre l'homophobie (Idaho). Une rencontre fructueuse: Rama Yade s'est engagée au nom de la France et du gouvernement à la reconnaissance officielle de l'Idaho (Lire notre édition spéciale du dimanche 18 mai). Autre grande avancée de la réunion: la France luttera contre l'homophobie sur la scène internationale. Il est prévu qu'une déclaration pour la dépénalisation universelle de l'homosexualité soit rédigée avec les associations et que le Président français ou un membre du gouvernement condamne les pratiques homophobes lors d'un déplacement officiel dans un pays concerné par le problème. Le Comité Idaho se réjouit de ces promesses, répondant aux appels lancés en 2005 et 2006. Son président, Louis-George Tin avertit cependant: «Évidemment, cette reconnaissance officielle n'est pas une fin en soi; c'est au contraire un début, un levier, un outil. Il faudra donc travailler pour qu'elle s'avère aussi bénéfique que possible. Et plus encore pour ce qui est de la dépénalisation universelle de l'homosexualité. Les mécanismes de l'ONU sont si lourds et si complexes que ce travail demandera forcément beaucoup de temps et d'énergie.» Jacques Lizé, co-président de SOS homophobie, est plus critique sur la méthode et le bilan du gouvernement. Pour lui, le bilan depuis un an de présidence Sarkozy sur ce sujet lui laisse «le sentiment qu'il n'y a pas de réelle politique nationale de lutte contre l'homophobie. Le plan santé est un bon exemple: il n'y a pas eu de réelle concertation avec les associations de terrain.» Interrogé par l'aspect in extremis de ces annonces, par «ce gouvernement oups!», comme il aime l'appeler, Jacques Lizé s'inquiète «du manque de garantie de la part du gouvernement et de son niveau d'implication qui n'a pas été abordé puisque Rama Yade ne s'occupe que de l'international et pas «du domestique», comme elle nous l'a rappelé plusieurs fois. Alain Piriou, porte-parole de l'Inter-LGBT prend acte de ces engagements. Il «demande que la reconnaissance de la Journée mondiale contre l'homophobie soit prolongée par son inscription à l'agenda officiel du gouvernement, du ministère du Travail, du ministère de la Santé et du ministère de l'Éducation nationale, pour que les pouvoirs publics se l'approprient». Philippe Colomb, en charge des questions internationales, insiste sur «la nécessité d'associer à la rédaction de cette déclaration solennelle l'ensemble des ONG travaillant collectivement sur les questions LGBT dans le système onusien, dont l'ILGA». Alain Piriou interpelle aussi le président de la République, le Premier ministre, et le ministre du Travail, Xavier Bertrand, particulièrement en retrait, puisqu'à ce jour, dit-il «le gouvernement reste dans l'incapacité d'exprimer une position en faveur d'un projet de directive globale contre les discriminations, pourtant défendue avec vigueur par le Royaume-Uni, l'Espagne, la Suède et la Finlande.» Act Up-Paris (Pauline Londeix, en photo) a accueilli ces engagements avec satisfaction mais ne se contentera pas de bonnes paroles. Act Up-Paris exige en effet qu'ils soient rapidement suivis d'actions concrètes en matière de lutte contre l'homophobie en France, et en particulier d'une complète égalité des droits pour les personnes et les couples LGBT. Quant à la Coordination lesbienne en France (CLF), elle ne se satisfait que partiellement de la reconnaissance annoncée de la France. Elle souhaitait que la Journée soit rebaptisée «Journée mondiale contre la lesbophobie, l'homophobie et la transphobie». Mais, à son grand regret, sa «proposition n'a pas été soutenue, bien au contraire, par les autres associations LGBT représentées, à l'exception du délégué du PCF qui est intervenu en ce sens et de l'ASB (Association du syndrome de Benjamin, ndlr)». La requête de la CLF était motivée par l'impact médiatique du thème de la lesbophobie pour l'Idaho 2008, prouvant «la nécessité de rendre visibles les lesbiennes qui, sinon, sont maintenues dans l'invisibilité» (Lire dans Quotidien du 19 mai). Une invisibilité que Transpédégouines Strasbourg (TaPaGeS) déplore également: «En 2008, en France, la visibilité des lesbiennes reste un problème. Difficile de prendre la parole en tant que gouine. Difficile de porter des revendications spécifiques. Difficile de se faire entendre au sein de la mouvance LGBTI.» |
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