04/12/2008 La proposition, lundi 1er décembre, par des responsables de l'UMP de «mettre immédiatement en vente libre les kits de dépistage» du VIH a suscité de vives réactions. Philippe Juvin, secrétaire national de l'UMP, et Michel Hannoun, président de la Fédération UMP des métiers de la santé, estimaient dans un communiqué qu'il «faut immédiatement mettre en vente libre les kits de dépistage du sida». «Face à cette épidémie, la mise en vente libre d'autotests constituerait un outil de prévention efficace. Ces tests de dépistage rapides sont extrêmement faciles à utiliser. Ils permettent, en prélevant simplement une goutte de sang au bout du doigt, de savoir en une demi-heure si l'on est contaminé ou pas» (lire article du 1er décembre). Même son de cloche au groupe «Warning»: «l'autodépistage n'est pas seulement un moyen alternatif de prévention. Il s'agit aussi d'un outil de liberté et d'intégrité individuelles.» De telles déclarations méritent au moins un débat La question du dépistage tardif des personnes infectées par le VIH est en effet un enjeu important: de nombreuses études ont montré qu'une découverte tardive de l'infection a une influence sur l'efficacité des traitement et sur l'espérance de vie des patients. Sans compter que l'ignorance de son statut sérologique et le déni qui peut l'accompagner à des répercussions en matière de prévention. C'est pour cette raison qu'a été lancée à la mi-novembre Com'Test, une étude conjointe de l'ANRS et de Aides, à Montpellier, qui vise à proposer, dans un cadre associatif et donc non médicalisé, un test de dépistage rapide (dit test capillaire): une goutte de sang prélevée au bout du doigt. Il s'agit dans ce cas d'offrir un autre lieu et une écoute différente de celle du milieu médical, pour des personnes qui s'interrogent sur leur statut. Mais cela se fait avec des professionnels, formés à écouter et donner un résultat de sérologie. Et en cas de résultat positif, il est proposé aux usagers d'être accompagnés à l'hôpital pour la confirmation du test, et un suivi médical le cas échéant. C'est cet accompagnement qui change tout: car il permet de discuter prise de risque et prévention et de proposer un accompagnement en cas d'infection. Surtout, comme l'avait rappelé l'ANRS, les tests de dépistage rapide ne permettent pas de donner -pour le moment- un résultat fiable en cas de prise de risque inférieure à trois mois. Dans ce cas, il faut absolument faire réaliser un test de dépistage sanguin. La proposition de l'UMP aurait ainsi pour conséquence de laisser une personne seule face au résultat de sa sérologie, sans explications, conseils et soutien le cas échéant. On peut aussi imaginer l'usage de ces tests chez les partisans de la «séropréférence» ou du «sérotriage» lors de relations sexuelles. Un test de dépistage 30 minutes avant un plan cul? Cela a déjà été expérimenté avec des tests salivaires, qui par ailleurs ont des marges d'erreur très importantes. Derrière l'argument de «libérer» le dépistage, on réduit le dépistage à un acte en oubliant tout ce qui l'entoure et ce qui en fait un moment particulier dans la maitrise de sa sexualité. On comprend alors pourquoi Jean-Luc Romero (Élus locaux contre le sida) a jugé la proposition «irresponsable», suivi par le Conseil national du sida (CNS) pour qui c'est «une fausse bonne idée», qui «ne répond pas aux besoins». Même analyse au ministère de la Santé: pour Didier Houssin, directeur général de la santé, on ne peut «déconnecter» le dépistage d'un message «d'information et de prévention». |
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