27/04/2009 Quelque 11.000 exemplaires se sont déjà écoulés pour les 3 premiers tomes. Jean-Paul Tapie s'affirme comme le nouvel auteur à succès du paysage littéraire gay. Son secret ? Le jeune et séduisant guerrier Dolko. Un héros à la peau mate, du genre costaud, voix grave et regard sombre. Un guerrier barbare et gay pour une épopée historico-érotique truffée de rebondissements. En 2000 pages, Dolko est tour à tour lutteur, gladiateur, esclave, capitaine, pirate, prisonnier, prostitué et enfin roi. Après «L'odyssée de l'esclave», «Le triomphe du pirate» et «L'empire du barbare» H&O Editions publie «Le dernier combat», ultime volet de cette saga. Pour Têtu, Jean-Paul Tapie, 60 ans, accepte le jeu des confidences. Il parle de tout. Sans tabou. TÊTU: «Dolko», pourquoi ce prénom? Jean-Paul Tapie : Je voulais un nom bref, sonore, viril, un peu sauvage. Pourquoi avoir situé votre fiction dans la Rome Antique? C'est une période très fantasmatique, très homo-érotique. Quand j'étais enfant et ado, le péplum était un genre très à la mode au cinéma et je pense que le spectacle de tous ces mecs baraqués à demi nus - ah, John Gavin jouant César dans «Spartacus» !- a contribué à nourrir mes fantasmes. Ajoutez à cela la Grèce, puis l'univers des pirates, ensuite l'Egypte et un royaume imaginaire en Afrique... Vous abordez sans pudeur, sans tabou le rapport homosexuel dans votre livre. Pourquoi ? C'est justement, me semble-t-il, l'apport original de Dolko. En général, les romans à caractère pornographique se soucient très peu de la vraisemblance de ce qu'ils racontent, et leur style est presque toujours navrant. Les romans d'aventures, eux, sont d'une chasteté et d'une pruderie à laquelle Benoît 16 lui-même ne trouverait rien à redire. Moi, j'ai voulu suivre Dolko jusqu'à son lit- quand il en trouve un ! Dolko se veut un véritable roman d'aventures, avec tous les éléments qui caractérisent un tel ouvrage, doublé d'un roman érotique, ou plutôt, comme j'aime dire, porn'érotique. On est, selon moi, au-delà de l'érotisme, c'est-à-dire au-delà de la suggestion, mais pas complètement dans la pornographie, c'est-à-dire dans la description brute. En résumé, c'est une version homo d'Angélique et d'Emmanuelle ! Vos personnages romanesques sont tous construits d'après un modèle hyper viril. Ils font l'amour sans tendresse. Pourquoi ce parti pris ? On ne peut pas vraiment parler d'un manque de tendresse. Elle n'est pas absente, elle vient après. D'abord, ils baisent. Je leur ai, bien entendu, prêté les rapports sexuels qui me branchent : des rapports virils, basés sur la domination de l'un et la soumission acceptée de l'autre. Je ne suis pas un fan de SM, mais je ne répugne pas à une certaine violence virile dans les rapports. Dolko, votre héros fait preuve d'un véritable acharnement de réussite. Cette quête du succès n'est-elle pas inspirée du quotidien des homosexuels, une communauté, très souvent, exaltée par la réussite sociale ? Pour moi, Dolko n'est pas un ambitieux. Son acharnement concerne la vie en général, le plaisir en particulier. Il a le goût de la survie chevillé à l'âme. Il surmonte toutes les épreuves, tous les chagrins, la mort de ses proches, la disparition de ceux qu'il aime. Ce qu'il cherche, c'est d'être heureux, jouir le plus possible. L'argent, le pouvoir, les honneurs l'intéressent. Mais...l'espace de quelques secondes seulement. Tout comme les jouets passionnent les enfants. Vos expériences du plaisir alimentent-elles vos pages ? Oui. Comme dit le personnage de Casanova dans « La nuit de Varennes », je n'ai jamais rien refusé par principe. C'est ainsi que j'ai découvert les fantasmes cachés derrière les fantasmes. Le plaisir peut passer par la douleur consentie avant de renaître sous une forme sublimée. Il peut y avoir un plaisir fou à souiller celui que l'on désire trop fort. Ma documentation s'est également largement nourrie de mes fantasmes. Je ne les ai pas tous concrétisés, hélas ! Pourquoi le choix de Damien Crosse (ci-contre), acteur porno gay, pour incarner Dolko, en page de couverture? C'est le choix de l'éditeur, Henri Dhelemmes. Quand il m'a demandé comment j'imaginais Dolko, je lui ai donné comme exemple François Sagat, un acteur porno que j'apprécie beaucoup, et pas seulement pour sa plastique et ses performances sexuelles. Damien Crosse appartient à la même catégorie physique que François Sagat. J'ai donc totalement adhéré au choix d'Henri. J'ai échangé quelques mails avec Damien, qui m'a mis en lien sur son site, et c'est un garçon très attachant. J'ai eu un grand plaisir, je l'avoue, à le retrouver sur mes couvertures... à défaut de le retrouver sous mes draps ! Peut-on dire que Dolko symbolise votre fantasme ? On peut le dire ! D'ailleurs, si Damien Crosse lit cet article et s'il n'ose pas me dire à quel point je lui plais, je l'encourage à me contacter ! Ce conseil vaut également pour François Sagat ! Et pour tous leurs copains acteurs! Quels souvenirs gardez-vous de votre enfance ? Vous la qualifiez d'heureuse, je crois? Oui, parce que j'ai grandi au milieu d'hommes virils, sportifs et musclés. Les copains judokas de mon père venaient fréquemment à la maison et nous accompagnaient en vacance sur le Bassin d'Arcachon. C'est à leur contact que s'est formée et développée mon attirance exclusive pour ce genre d'hommes. Comme personne ne se préoccupait alors de ma sexualité et de mes goûts, je pouvais les admirer à ma guise et les approcher à volonté. Le paradis, en quelque sorte ! Votre adolescence s'est révélée plus douloureuse, dites-vous... Absolument. Mes condisciples se sont rapidement rendu compte que j'étais « efféminé ». Ils ne m'ont pas raté. C'est pour relater cette adolescence foireuse que j'ai commencé à écrire. Vous avez vécu en Israël également. Vous dites que c'est la terre qui vous a sauvé. Comment cela? J'avais vingt ans. Depuis des années je faisais des efforts surhumains pour devenir viril, j'étais épuisé par la haine d'autrui. Je suis sorti de l'adolescence complètement en vrac. Israël et la vie au kibboutz m'ont aidé à retrouver mon équilibre. Là-bas, j'ai rencontré des gens qui trouvaient que j'étais un garçon « normal », et en plus ils me trouvaient drôle et attachant. Des filles disaient même que j'étais mignon ! Israël était alors un pays formidable, sans passé et plein d'avenir. J'ai voulu me reconnaître en lui. J'en suis revenu transformé, avec l'envie de vivre et la conviction que je pouvais être heureux. Comment expliquez-vous un tel succès de librairie ? Je crois qu'à côté des romans qui abordent les problèmes liés à l'homosexualité, il y avait la place pour un autre style. Une histoire très romanesque, une épopée riche en rebondissements, mettant en scène un personnage hors du commun, bigger than life, qui affiche sans complexe son amour des garçons. Dolko respecte toutes les conventions du genre : on y trouve des enfants cachés, des trésors enfouis, des naufrages, des tempêtes de sable, une Reine amoureuse, un Bataillon Sacré,... Tout cela dans une ambiance sensuelle sans équivoque. Tout à fait à l'opposé de ces livres où l'homosexualité est sous-entendue. Quel est le lectorat visé ? Les gays, principalement. Je ne vais pas vous la jouer politiquement correcte et dire que j'écris pour tout un chacun. Dolko aborde sans aucun complexe la sexualité homo et il semble que ce sujet reste rébarbatif pour les hétéros ! J'ai parfois l'impression que nombre d'hétéros aimeraient croire que les homosexuels n'ont pas de sexualité ! L'écriture est-elle pour vous un moyen de vivre pleinement votre homosexualité ? Ecrire m'a obligé à l'accepter et à la revendiquer. C'est encore et toujours un moment délicat quand des gens me demandent de quoi parlent mes livres. Souvent, quand je leur réponds, il y a comme un blanc dans la conversation et je sens que mon interlocuteur désire dire autre chose. Genre : «On a plutôt de la chance avec le temps, vous ne trouvez pas ?» Quelles sont les réactions de vos lecteurs ? Quels liens entretenez-vous avec eux ? Je reçois quantité de commentaires, d'encouragements, de remerciements aussi. Pratiquement pas d'insultes ou de critiques acerbes. Celles-là, je les découvre parfois sur d'autres sites, jamais sur le mien. Je rencontre aussi certains lecteurs lors de dédicaces. C'est toujours enrichissant, et surtout nécessaire, parce que parfois, chez moi, quand je pense au succès poussif de certains de mes bouquins, je déprime sévère. Le lectorat gay a-t-il une particularité ? Oui, celui d'être trop peu nombreux à mon goût ! Dustan disait : je suis un best seller gay et je tire à 4000 exemplaires. Ces chiffres ont quelque chose de surprenant, d'un peu décevant, même, dans une communauté qui affirme compter plusieurs millions de lecteurs potentiels. Les gays me semblent avoir un sentiment communautaire moins vif que d'autres minorités. Les gays français, en tout cas. Sans doute encore une conséquence de notre jacobinisme ! Après ce succès, que peut-on vous souhaiter d'autre dans votre carrière d'auteur ? De vivre un jour exclusivement de la vente de mes romans. Mais...il va falloir faire vite ! |
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