04/05/2009 N'en déplaise au Figaro qui a lancé la rumeur, Anne et Marine Rambach ne sont pas sœurs ! Les deux jeunes femmes - respectivement 38 et 33 ans - se sont rencontrées il y a une quinzaine d'années à Act Up à la commission des Zaps. De cette expérience militante, elles gardent toutes les deux le goût d'une certaine efficacité : «On nous traitait de radicaux et d'utopistes alors que nous avions des résultats», se souviennent-elles. Aujourd'hui, évoquant leur nom commun, elles expliquent ainsi en souriant : «on a fait comme si nous étions mariées». Des professeurs précaires aux chercheurs en manque de poste Pas de mariage possible donc, mais elles font comme si. Et quand elles viennent chercher leurs deux petites filles, 3 et 5 ans, à l'école, les autres parents sont tous étonnés d'apprendre que leur petite famille n'est toujours pas reconnue par l'administration ! Ce qui ne les empêche pas de conserver coûte que coûte leur optimisme originel. Le même qu'on retrouve à la lecture des nouveaux intellos précaires: «Nous avons toujours considéré que cette précarité était à la fois tragique et drôle. On vit dans cette situation là, nous, notre précarité on la vit bien», raconte Anne. Bémol de Marine, qui s'occupe des comptes dans le couple: «On profite davantages mais ça dépend des moments». Dans leur ouvrage, cette précarité en demi-teinte se retrouve dans la multiplicité des rencontres. On y croise entre autres: une armées de stagiaires, des professeurs précaires, des chercheurs en manque de postes, des journalistes pigistes (comme l'auteur de ces lignes). «Parmi les "intellos précaires", il y a des gens qui se sont sentis visés, certains sont aujourd'hui tellement déligitimés par la société, raconte Anne, mais ils ne se sentent pas différents de la population, ils n'hésitent plus à s'appeler les "OS de l'intellect". Ils ne se vivent plus comme ayant un rôle de phare intellectuel ». Apathie devant l'ordre établi Drôle d'époque effectivement... D'autant plus que ce double stigmate - intello et précaire - a bien du mal à se transformer en force collective: « C'est bien le problème des intellos : ils attendent que l'État règle leur problème sans entrer dans un véritable rapport de force avec le patronat ». Cette apathie devant l'ordre établi, Anne et Marine ne s'y sont jamais résolues. Ainsi, en 1997, elles lancent les éditions Gaies et Lesbiennes : «comme si on avait 18 ans, inconscientes, et sans un sou, se souvient Marine, Et, en plus, on voulait faire de la littérature de genre, des romans sentimentaux». Anne embraye: «Par exemple, on a publié un roman gai alpin "Neiges interdites". Pour les professionnels de l'époque, ça n'avait aucun sens. L'ancienne directrice de la FNAC des Halles nous avait dit que nous étions une "menace pour la démocratie"!». Dix ans après, et malgré leur relatif succès, la fatigue s'accumulant, et surtout l'arrivée des enfants, elles ont dû arrêter leur aventure dans le monde de l'édition. Pour la première fois, avec une pointe d'inquiétude quant à l'avenir : « Je suis sûr qu'on pourra écrire les intellos précaires dans dix encore, mais ça sera pire, je suis assez pessimiste », confie Marine. Avec le tout gratuit comme simple horizon. Depuis le début des années 2000, Anne a écrit plusieurs thrillers : «écrire des bouquins, c'est génial, mais ça ne nourrit pas», confie-t-elle. Alors, aujourd'hui, Anne et Marine se sont lancées dans l'écriture de scénarios pour la télévision, et même TF1! «On commence à être agacé de voir que tout autour de nous personne n'a la télé!», rigolent-elles. C'est sûr, leur tragi-comédie est loin d'être finie... |
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