18/05/2009 Rappel des faits : le 4 avril dernier, Constance (ci-contre) et sa compagne, toutes deux trans, rejoignent leur voiture après une soirée au club gay d'Annecy. Malheureusement, elles croisent le chemin d'une petite dizaine d'hommes qui les prennent à partie: insultes, crachats, intimidation. Heureusement, elles sont toutes les deux expertes en techniques de combat, et maîtrisent rapidement leurs agresseurs jusqu'à l'arrivée de la police. Le récit de cette mésaventure sur TÊTU vous avait fait réagir, entre indignation face la lâcheté des agresseurs, et enthousiasme devant le courage des agressées. Mais aujourd'hui, malgré la plainte déposée, l'affaire est toujours au point mort. Et Constance compte bien ne pas en rester là. TETU: Où en est la procédure, plus d'un mois après les faits? Constance: On nous avait dit qu'il faudrait justement un mois pour connaître les suites données à notre plainte. Finalement, on nous a dit d'attendre encore trois mois. Pendant ce temps, nos agresseurs sont bien sûr en liberté. A croire qu'il vaut mieux être franchement tabassée voire tuée pour que la justice décide de lancer rapidement une enquête. Avez-vous l'impression d'être lâchée par la justice ? Le substitut du procureur au tribunal de grande instance d'Annecy, François Kaiser, a d'ores et déjà rejeté la plainte pour discrimination liée à notre genre, sous prétexte que nous ne sommes pas opérées, et donc que nous sommes toujours des hommes. Autant la police s'est comportée admirablement avec nous, en nous écoutant, en prenant longuement notre déposition, autant le substitut du procureur semble vouloir minimiser les faits depuis le début. Il a tout de suite préféré parler d'alcoolémie et d'insultes mutuelles plutôt que de prendre en considération ce qui nous était arrivé. Pour moi, c'est finalement de la promotion pour la transphobie. Votre affaire révèle finalement un certain nombre de lacune dans la justice, en matière de transphobie... Oui. Pour la justice, mais aussi pour d'autres trans, on n'est transsexuel qu'à partir du moment où l'on est opéré. Or je n'ai pas envie de cette opération qui coûte très cher et que je ressens comme une mutilation. Mais je ne suis pas pour autant un travesti, comme on a pu le lire dans certains journaux. Je prends un traitement hormonal, mon corps est transformé. La justice devrait prendre aussi cela en compte, par un examen sanguin, pour considérer qu'elle est bien devant un trans. Ce n'est pas qu'une question d'opération. Constance (à droite) et sa compagne. Que comptez-vous faire si la plainte n'aboutit pas à des poursuites? Puisque le substitut du procureur nous rappelle que nous sommes des hommes, ma copine et moi, alors nous allons parler d'homophobie au lieu de transphobie. Nous sommes accompagnées par l'association 360° à Genève, et j'ai transmis les rapports de police à l'association Chrysalide, à Lyon, qui doit nous soutenir également. Nous espérons que la récente agression homophobe en plein coeur de Paris va rendre pousser la justice à prendre enfin en compte la réalité de ces agressions. Vous avez réussi à prendre le dessus sur vos agresseurs. C'est un dénouement heureux qui n'arrive pas souvent. Avez-vous des conseils à donner aux autres trans? Ma copine et moi, nous ne laissons jamais passer les insultes. Sinon, on entre dans le circuit agression, peur, mort. Souvent les agresseurs n'ont simplement pas l'habitude qu'on leur réponde, le simple fait d'avancer vers eux les fait reculer. Bien sûr, j'ai fait quinze ans d'escrime ancienne, ça aide à ne pas avoir peur. Mais tous les trans peuvent s'initier aux sports de combat. Pour ma part, je leur conseille l'aïkido! |
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