06/04/2006 Le gouvernement camerounais vient de soumettre au Parlement un projet de loi sur la presse censé renforcer l'éthique dans les médias, montrés du doigt depuis le début de l'année pour avoir publié des listes d'homosexuels présumés. «Le gouvernement veut mettre fin à une forme de journalisme libertin, a déclaré Jacqueline Man, députée du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Ce projet est censé corriger les nombreuses atteintes à la déontologie et à l'éthique journalistique.» Le projet de loi modifie quatre articles de la loi de 1990 sur la presse. S'il est adopté, le directeur d'une publication sera obligé de dévoiler l'identité de l'auteur d'un article signé d'un pseudonyme et sera responsable de tout article non signé. Un journal pourra en outre être saisi ou interdit «en cas d'atteinte à l'ordre public, à la sécurité intérieure de l'État ou aux bonnes mœurs, ou d'incitation à la haine» et le directeur de publication suspendu pour six mois «en cas d'atteinte à l'éthique et à la déontologie professionnelle susceptible de constituer une infraction aux lois». Toute personne atteinte dans son honneur, sa dignité ou sa vie privée pourra de son côté demander la saisie de l'organe de presse. Le projet de loi prévoit par ailleurs un durcissement des conditions pour la création d'un nouveau journal et pour l'attribution de la carte de presse. «Si ces modifications sont positives dans le sens où elles permettent un meilleur filtrage de l'accès à la profession, elles donnent par ailleurs, malheureusement, un pouvoir de coercition exorbitant à l'administration en matière de presse, regrette le Quotidien Mutations. Comme de bien entendu, le très fumeux argumentaire de «l'atteinte à l'ordre public, à la sécurité intérieure de l'État ou aux bonnes mœurs» est remis en selle, pour justifier toutes les brutalités et viols, y compris la perquisition dans les salles de rédaction et autres imprimeries.» Depuis le début de l'année, plusieurs journaux privés camerounais ont en effet publié des listes de personnalités accusées de «déviances» homosexuelles, l'homosexualité étant un délit passible de peines de prison au Cameroun. Attaqués pour diffamation par des personnalités visées, les directeurs de publication de deux journaux ont été condamnés en mars (lire Quotidien du 5 avril) à des peines de trois à six mois de prison ferme. |
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