10/06/2009 Le 18 mai, alors que s'ouvrait le Festival de Cannes, deux policiers municipaux cannois, avec leur avocat Gilbert Collard, attiraient l'attention des médias en déposant plainte contre leurs collègues pour «harcèlement moral». Lorsque ceux-ci ont acquis la conviction qu'Alain Marty et Nicolas Persec étaient gays, ils leurs avaient fait vivre un enfer: «ils nous ont isolés», «nous ont usés psychologiquement», disaient-ils, évoquant les brimades et des inscriptions telles que «100% tarlouze» sur le casier de l'un d'eux. Maintenant le «buzz» médiatique retombé, TÊTU a rencontré l'un des deux policiers qui ont porté plainte. Alain Marty, 38 ans, revient sur ces trois semaines agitées. TÊTU: Que s'est-il passé pour vous depuis mai dernier? Alain Marty: Deux jours après avoir déposé la plainte, nous avons été reçus par Bernard Brochand, le maire de Cannes. Il nous a dit être consterné par la situation, et nous a assuré ne pas en avoir eu connaissance plus tôt, malgré tous les rapports rédigés et transmis depuis des mois. Il a souhaité que des sanctions soient prises s'il est prouvé qu'il y a eu des dysfonctionnements. Il attend maintenant que la justice fasse son travail. Mon collègue et moi avons été longuement auditionnés par l'IGPN (Inspection générale de la police nationale), qui prend l'affaire très au sérieux et poursuit son enquête. L'instruction est en cours, je ne peux pas en dire plus. A l'heure actuelle, je suis en arrêt maladie. Je suis atteint d'un cancer et dois être hospitalisé. Mais le collègue avec qui j'ai déposé la plainte a repris le travail. Pour lui, la situation ne semble pas avoir changé. Il est toujours victime du même isolement et les brimades continuent. De nouveaux rapports administratifs ont été rédigés, tout est acté. Comment avez-vous vécu ces dernières semaines? Dans un stress permanent. Ce n'est pas un jeu pour moi, et je vis cette affaire avec autant d'attention que d'angoisse. Je n'étais surtout pas préparé à une aussi grande médiatisation. Je suis d'une nature réservée, le fait d'être mis sous le feu des projecteurs et de répondre aux interviews a été délicat et éprouvant. Mais j'en prends doucement l'habitude. J'ai essayé de délivrer ma vérité et je ne regrette pas cette médiatisation. Il fallait frapper fort pour se faire entendre. Sans médias, on aurait eu beaucoup moins de soutien. Et je sais que l'on a bien fait, qu'il fallait déposer cette plainte. A l'heure actuelle, être victime d'une telle homophobie est effarant. Je refuse d'être exclu et de modifier ma façon de travailler parce que mes collègues ne tolèrent pas le fait que je sois homo. Quelles ont été les réactions à votre plainte? Nous avons reçu un soutien massif qui fait chaud au cœur. Des centaines d'inconnus m'ont appelé ou m'ont écrit pour me faire part de leur solidarité. Je n'ai jamais eu autant de nouveaux amis sur Facebook! De nombreux collègues nous ont contactés pour nous soutenir, dont des homos qui nous ont raconté avoir subi des problèmes similaires. Finalement, j'ai été confronté à peu de réactions antigay ou antiflic. Depuis le début, le SNPM (Syndicat national des policiers municipaux) nous soutient. Nous avons aussi reçu une aide très importante de l'Inter-LGBT, qui connaît bien ces combats juridiques et va se porter partie civile. Plusieurs personnalités politiques nous ont également appelés pour nous venir en aide. Je suis peut-être naïf mais je pense que c'était sans calcul. Cependant, je reste un peu déçu par la mollesse de certaines associations, qui ne nous ont accordé qu'un soutien de façade avec de simples déclarations publiques. J'attends toujours leurs actes, c'est dommage. L'affaire doit leur paraître délicate et elles attendent sans doute que la justice rende un verdict. |
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