17/06/2009 Un mineur a été condamné en février pour une agression homophobe à Orléans. Retour sur cette affaire avec le témoignage d'Etienne, la victime, qui raconte la douleur d'avoir revu l'un de ses agresseurs lors du procès, et la difficulté à faire reconnaître le caractère homophobe de l'agression. Le 11 février 2009, après plus d'une heure et demie d'audience, le tribunal pour enfants d'Orléans a condamné Thierry*, 17 ans au moment des faits, à quatre mois de prison avec sursis et deux ans de mise à l'épreuve pour agression en réunion à caractère homophobe. Le jeune homme devra en outre payer les frais de justice et d'hospitalisation de la victime, Etienne, 36 ans aujourd'hui, et verser une euro symbolique de dommages et intérêts au Groupe action gay et lesbien du Loiret (GAGL) qui s'était portée partie civile. Il aura pourtant fallu batailler dur pour que soit reconnu, in fine, le caractère homophobe de cette agression, que le rapport de police ne mentionne pas. Et pour cause: les agresseurs sont restés muets, se gardant de toute insulte. Le GAGL, conseillé et soutenu par SOS Homophobie, n'aura de cesse d'obtenir gain de cause. «Taquiner du pédé» Les faits remontent à la nuit du 4 au 5 août 2007 sur un lieu de drague gay au bord de la Loire, près du pont de l'Europe. Sept agresseurs ont roué de coups Etienne. «J'ai cru qu'ils allaient me tuer», raconte-t-il. Trois des agresseurs seront interpellés quatre mois plus tard, grâce notamment à la présence d'esprit d'un autre habitué des lieux qui relèvera les plaques d'immatriculation de deux véhicules stationnés à proximité. Rejetant la faute les uns sur les autres, ils finiront par avouer les faits tout en niant le caractère homophobe de leur acte, même si l'un deux reconnaîtra venir régulièrement au bord du fleuve «taquiner du pédé». Mais au procès, le doute n'y est plus. L'auteur a reconnu les faits - il présentera même ses excuses à Etienne -, la présidente du tribunal s'attachera à faire avouer à Thierry ses intentions homophobes. La procureure enfoncera le clou. En vain. Finalement, le président du tribunal tranchera en faveur de la reconnaissance de cette circonstance aggravante. «Inciter les autres à porter plainte» «C'est dur, reconnaît Etienne, mais je voulais aller jusqu'au bout. Car le fait que ça soit reconnu par la justice va m'aider à passer à autre chose. Jusque-là, je me sentais humilié, rabaissé. La fierté en prend un coup. En venant au procès, ajoute le jeune homme timide, je voulais voir à quoi ressemblait mon agresseur, s'il avait l'air méchant. Je veux aussi inciter les autres victimes à porter plainte.» Tout comme un précédent procès orléanais l'a lui-même poussé à le faire. «Je suis venu pour que ça s'arrête, confirme Denis Lefèvre, président du GAGL et qui représentait l'association. Car ce lieu-là est, chaque mois, le théâtre de plusieurs agressions.» Dans l'immédiat, Etienne attend le prochain épisode: la comparution, à une date non encore définie, devant le tribunal correctionnel, des deux prévenus majeurs. Les prénoms de l'agresseur et de la victime ont été changés. |
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