20/07/2009 Les deux principaux sites de partage vidéo ont été interrogés par le Post sur les raisons du maintien de la vidéo anti-gay pride, puis de son retrait. Leurs réponses sont éclairantes sur la modération des films diffusés sur internet. A la suite de notre article Cette vidéo homophobe qui reste en ligne, le 13 juillet au soir, Dailymotion, qui avait déjà reçu les signalements de nombreux lecteurs, a retiré la sulfureuse vidéo le lendemain à la mi-journée. YouTube a pour sa part retiré la même vidéo de son site dans l'après-midi du 15 juillet. Un article mis en ligne mercredi par le Post nous éclaire un peu sur le système de modération des deux principaux sites de partage vidéo. Dailymotion: au cas par cas Le responsable du service juridique du français Dailymotion explique: les vidéos manifestement illicites «sont supprimées quand on les signale» à Dailymotion, site de droit français. C'est le cas, explique-t-il, de vidéos pédopornographiques ou incitant à la haine raciale. «En dehors de ces deux critères, c'est un juge saisi par la personne qui signale la vidéo qui décide de la diffusion ou pas». Une réponse étrange, dans laquelle le responsable juridique semble faire la distinction entre haine raciale et haine homophobe. Faut-il rappeler que la loi sur la liberté de la presse de 1881, modifiée en 2004, condamne l'injure homophobe tout comme les propos racistes? Concernant la vidéo homophobe en question, Giuseppe de Martino reprend: «Nous avons reçu une première demande de retrait, mais la personne qui l'a traitée a estimé que la vidéo n'était pas manifestement illicite. Ensuite, du fait de demandes répétées de retrait, nous avons obtempéré, pour ne pas créer la polémique, d'autant plus que la vidéo n'apportait pas grand chose à notre communauté.» Ce qui permet au blog du Parti solidaire français, à l'initiative de cette vidéo, de triompher sur la définition de «pas manifestement illicite»-jugement d'un seul des modérateurs du site, qui n'est pas explicitement soutenu par le juriste de Dailymotion. Parler de «défilés de la décadence» et assimiler les homosexuels aux pédophiles et zoophiles relève pourtant évidemment de l'homophobie… YouTube: à l'américaine Le site américain YouTube, pour sa part, se contente d'une explication lapidaire, toujours cité par le Post: «Tant qu'on ne nous le signale pas, nous ne pouvons pas agir», déclare un porte-parole du portail détenu par Google, et qui contrôle la vaste majorité du marché. Une réponse évasive… Sans doute pas étonnant quand on sait que YouTube, qui est traduit en France mais reste légalement diffusé depuis les Etats-Unis, se fonde sur le droit américain, lui-même fondé sur la Constitution, dont le premier amendement garantit une liberté absolue de parole et de la presse. C'est ainsi que l'on peut parfois voir sur YouTube des vidéos qui auraient été censurées en France, notamment négationnistes, antisémites… ou, donc, homophobes. Quant à savoir pourquoi YouTube a finalement retiré, lui aussi, la vidéo... Il faut croire que, comme son rival, le site américain aura eu peur du scandale et des retombées médiatiques de ces images. Qu'en pensez-vous? L'épisode de la vidéo homophobe nous apprend donc ceci: les contenus clairement discriminatoires et homophobes peuvent être supprimés lorsqu'ils sont signalés en masse aux sites de partage vidéo. C'est bon à retenir: dès que vous repérez une vidéo qui vous semble homophobe, pensez à la signaler au site... et priez pour qu'il vous entende! |
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