25/08/2009 INTERVIEW. TÊTU a rencontré Frédéric, en grève de la faim depuis plus de deux semaines à Toulouse. Sa moelle osseuse pourrait sauver un malade, mais les médecins l'ont rayé du registre des donneurs en apprenant qu'il était gay. Il veut dénoncer cette absurdité. Frédéric Pecharman s'est installé depuis deux semaines devant la Maison du Don, au n°15 des allées Jean-Jaurès à Toulouse, pour protester contre ce qu'il préfère appeler «une absurdité» plutôt qu'une discrimination. L'Établissement français de Greffe (EFG) lui a en effet signifié son exclusion du registre des donneurs de moelle osseuse en raison de son homosexualité, alors qu'un receveur compatible pouvait bénéficier d'une greffe. Il vient de recevoir le soutien d'Alexandre Marcel, un gardois exclu du don du sang pour la même raison. Très affaibli par son jeûne et par la chaleur, il explique sa démarche. TÊTU: Comment avez-vous appris votre exclusion du don de moelle osseuse ? Frédéric Pecharman: Le 15 mai, l'Établissement français de Greffe (EFG) m'a contacté par téléphone me demandant si j'étais volontaire pour un prélèvement destiné à un receveur compatible. Je savais que le don du sang excluait les homosexuels, j'ai donc prévenu le médecin que j'avais des pratiques homosexuelles depuis quelques mois. Elle m'a alors expliqué son obligation de me radier des fichiers où je m'étais inscrit en 1995, à l'âge de 21 ans, en tant que donneur de sang -le don de moelle étant assujetti au don du sang. Je pense que cette attitude relève de non assistance à personne en danger car je suis un des rares à pouvoir sauver cette personne atteinte d'une leucémie. On préfère la laisser mourir puisqu'il existe un réel manque de donneur. Quelle est votre demande ? J'ai entamé un jeûne le 28 juillet pour provoquer un débat et sensibiliser l'opinion publique. Je ne demande rien, je ne suis pas dans une logique de grève de la faim pour réclamer la démission de la ministre par exemple. J'espère tenir un minimum de trente jours, peut-être quarante. Ma présence ici est symbolique, je souhaite obtenir un débat public avec un simple médecin de l'EFS pour défendre mon point de vue. Il n'y a pas davantage de contamination au Portugal qui accepte que les homosexuels donnent leur sang. En France, il y a un vrai problème depuis l'affaire du sang contaminé : plus aucun ministre ne veut assumer une telle responsabilité, ils renvoient leur avis sur les experts. Tant que l'opinion sera contaminée par l'idée du principe de précaution, les homosexuels ne pourront pas donner. Un collectif est en cours d'élaboration ? Déjà présent sur Facebook, un collectif regroupant des individus et des associations va se développer sous l'appellation "Homodonneur". Dans un premier temps, nous envisageons le recensement de tous les homosexuels souhaitant donner leur sang pour souligner le fait qu'en période de pénurie, comme c'est le cas au mois d'août, autant de personnes étaient susceptibles de donner. |
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