25/09/2009 Après l'annonce ce matin des tests prometteurs d'un vaccin, une conférence de presse organisée cet après-midi à Paris a permis d'en savoir plus. Voici les précisions recueillies par TÊTU et les réactions des grands noms de la recherche contre le sida. L'annonce des chercheurs thaïlandais et américains fait l'effet d'une belle bulle d'optimisme. Les vaccins, rappelons-le, font tous appel au même principe. On cherche à stimuler les défenses immunitaires contre un agent infectieux. Pour ce faire, on introduit dans l'organisme cet agent ou une fraction de cet agent (antigène), rendu inoffensif pour l'homme. Combinaison de deux vaccins Dans le cas présent, l'étude a été menée par le ministère thaïlandais de la santé publique et financée par l'armée américaine et la division sida des National Institutes of Allergy and Infectious Diseases (NIAID), pour un coût total de 100 millions de dollars. Elle a commencé en octobre 2003 pour se terminer le 30 juin 2009. Elle comportait une combinaison de deux vaccins expérimentaux: l'ALVAC® HIV de Sanofi Pasteur a été utilisé pour la vaccination et l'AIDSVAX® B/E de Vaxgen pour l'injection de rappel. Précisons que la technologie de l'ALVAC permet d'infecter une cellule mais empêche clairement la réplication du VIH, ce qui la rend «safe». Cette étude a concerné 16.400 volontaires séronégatifs, vivant dans les provinces de Rayond et Chon Buri, en Thaïlande. Leur exposition au risque de contamination était jugée similaire à la moyenne. La moitié a reçu des produits actifs, l'autre moitié des placebos. 51 des 8.197 individus vaccinés ont été contaminés par le virus, contre 74 pour ceux qui n'ont pas été traités. Ce chiffre montre que pour la première fois, un vaccin expérimental réduit les risques d'infection du sida sur deux sous types de virus, B et E, circulant en Thaïlande, et ce à hauteur de 32,1%. Les questions restent nombreuses Lors de la conférence de presse française, le professeur Delfraissy, directeur de l'ANRS, a choisi ses mots, parlant de lueur et de protection modeste (lire notre article). Il a insisté pour dire que ce vaccin n'était, à ce jour, pas disponible. Il a souhaité aussi que d'autres laboratoires reviennent dans ce domaine de recherche. Chez Sanofi Pasteur, on avance prudemment l'idée d'un vaccin qui pourra «un jour devenir une réalité». Anthony Fauci, directeur du NIAID, s'est montré très clair: «Ce résultat modeste est un signe positif d'efficacité chez l'homme. Mais après vingt ans de déception, il nous oblige à rester modestes.» Les questions restent nombreuses: celle de la durée d'efficacité du vaccin, du dosage, des sous-types de virus testés, qui l'ont été sur des personnes hétérosexuelles. Anthony Fauci souligne qu'il faudra vérifier si ces résultats sont exportables aux homosexuels et aux toxicomanes. Aucune date de disponibilité Françoise Barré-Sinoussi a souligné que cette avancée illustre le succès conjoint d'équipes publiques et privées. Cette chercheuse qui a reçu le prix Nobel de médecine explique qu'on ne connaît toujours pas les mécanismes de protection qu'un vaccin anti-VIH doit induire et qu'il faudra étudier le type de réponse immunitaire associée. Comme ce vaccin n'a pas été conçu en vue d'une autorisation de mise sur le marché, personne ne se risque plus à donner une date de disponibilité. Comme le résume Yves Lévy, directeur de la recherche vaccinale de l'Agence nationale de lutte contre le sida (ANRS), «nous étions dans une boîte noire, nous avons un socle de recherche». Le colloque Aids Vaccine, qui a lieu en octobre à Paris, permettra d'en savoir plus. |
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