28/09/2009 INTERVIEW. Le soir du 9 septembre, deux gays sont agressés chez eux à la soude caustique. Marcel, le moins blessé des deux, sera peu après présenté comme un possible «suspect» par le procureur. Il n'a pourtant toujours pas été placé en garde à vue. Dans un entretien à TÊTU.com, il se défend. Soupçonné du «montage» de l'agression dès le début de l'affaire, Marcel est aujourd'hui blessé physiquement et psychologiquement. Il a été, dans la nuit du 9 au 10 septembre, agressé à la soude caustique au domiicile qu'il partage avec Alexandre, à Melun, en Seine-et-Marne (lire le début de notre enquête: «L'inquiétante imprudence du procureur»). Tandis que son compagnon, gravement blessé, est toujours hospitalisé, Marcel exprime sa «colère» et se défend d'être lui-même coupable. TÊTU: Comment te sens-tu quinze jours après l'agression à votre domicile? Marcel: Je suis dans une colère inimaginable contre ce procureur qui m'a mis en cause parce que c'est une injustice. Je suis dehors avec des blessures qui ne m'empêchent pas de vivre alors qu'Alexandre est dans une chambre d'hôpital et qu'il souffre. Je culpabilise déjà beaucoup de cette situation, je n'ai pas besoin que les gens me le renvoient en permanence à la figure, je n'y peux rien. Si je pouvais, je prendrais la place d'Alexandre. Je ne suis pas responsable de l'agression, j'en suis la victime, comme Alexandre! Actuellement, je vis chez ma sœur et je vais aller chez mon ex-amie. Je ne supporte plus d'être tout seul, surtout pour dormir. J'ai des crises de panique terribles par moment. Je dois continuer quasiment tout seul le déménagement déjà entamé de l'appartement. Le procureur base ses premières déclarations sur votre séparation. L'as-tu cachée? Mais pas du tout. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'au moment de l'agression vers 4h du matin, tout est allé très vite et les secours, qu'Alexandre a réussi à prévenir, nous ont immédiatement emmenés aux urgences. Là, bien que je sois devenu rouge écarlate en réaction au produit, Alexandre a très vite été diagnostiqué dans un état nettement plus sérieux que le mien. Il a été dirigé vers un autre hôpital et moi je suis resté à Melun. Nous n'avions rien à cacher ni pendant, ni après puisque nous ne nous séparions pas physiquement, mais en douceur. Nous déménagions pour aller vivre ensemble dans l'appartement d'Alexandre à Paris. Je ne comprends pas pourquoi le procureur a pu prendre cet élément en compte. Dès le deuxième jour, un enquêteur m'a dit «on vous soupçonne», alors que je n'avais pas été entendu dans le détail. Ma déposition ne fait qu'une page! Le fait que tu aies frappé Alexandre cet été est-il lié à votre séparation et est-ce de nature à influencer les enquêteurs contre toi? Avant l'été, j'ai fait une cure sauvage de stéroïdes et d'anabolisants. Je sais, ce n'est pas malin. Je suis devenu complètement paranoïaque et j'avais des crises d'angoisse que je ne pouvais pas maîtriser. Début août, j'ai eu très peur qu'Alexandre ne revienne pas. J'ai voulu le retenir et je l'ai giflé. Je me suis excusé, j'ai pleuré. Il m'a pris dans ses bras et il est parti en m'envoyant un texto pour me rassurer. Depuis, nous avons décidé d'un commun accord cette séparation progressive puisque nous allions vivre à trois dans son appartement, avec un de ses amis. Les modalités de notre séparation n'ont rien à voir avec une séparation qui se passe mal, bien au contraire. Es-tu informé des suites de l'enquête? Absolument pas. C'est pour cela que je veux être entendu. Ce n'est pas possible de m'accuser de quelque chose dont je suis complètement la victime, comme Alexandre. Je suis dehors avec des cicatrices malgré tout, mais elles ne sont pas aussi importantes que celles qu'ils me font psychologiquement. Pendant plus d'une semaine, les enquêteurs m'ont dit qu'ils avaient gardé mes cartes de crédit en rétention pour examen pour finir par me dire le contraire. En fait, je me les suis faites voler pendant l'agression. Les scellés de l'appartement ont été ôtés il y a sept jours. Ils ne m'ont pas appelé pour m'en informer, ce sont les voisins qui me l'ont appris. Qu'en est-il du vol de vos clés et des injures homophobes dans votre quartier, relatées au départ de l'affaire? D'abord nous n'avons jamais été insultés dans le quartier, ni subi une quelconque agression avant cette nuit du 10 septembre. Tout c'est toujours bien passé. En revanche, il est exact qu'au cours du déménagement, dans les jours qui ont précédé, j'ai bien donné des sacs d'affaires à des jeunes qui étaient dans le quartier et qu'ils m'ont suivi à l'appartement. Quand ils sont entrés dans le hall, je n'ai pas fait attention si les clés étaient encore là ou pas. Ce n'est que bien plus tard que je les ai cherchées, sans faire tout de suite le rapport avec cet événement. S'il n'y a pas eu effraction, c'est bien que les agresseurs avaient les clés! Ce qui est incroyable, c'est que la propre sœur d'Alexandre a été témoin de ces dons. Elle n'a pas été entendue! Les enquêteurs relèvent que vous avez été aspergés par le même produit mais dilué pour toi. J'ai une explication toute simple pour cela. C'est ma fille de 15 ans qui a acheté avec moi ce produit déboucheur puissant. Elle a même été témoin des gestes qui expliquent la dilution dans une autre bouteille. Pareil, je n'ai pas pu expliquer dans le détail ces éléments aux enquêteurs, et ils n'ont pas vérifié auprès d'elle. Tu évoques deux, voire trois agresseurs, qui vous surprennent en pleine nuit. Vous les avez vus ou identifiés? Ni Alexandre, ni moi n'avons reconnu quelqu'un. Ce sont des jeunes, pour moi entre 20 et 25 ans. Quand je me suis levé en pleine nuit pour aller aux toilettes, croyant que le bruit qui m'avait réveillé était dû à notre chat, et que j'ai aperçu une ombre, je me suis effondré du couloir vers la cuisine. Les enquêteurs m'ont dit qu'ils ne croyaient pas à un coup de Taser parce que je n'aurais pas de marques, mais je suis bien tombé d'un seul coup. J'ai senti le carrelage froid sur la joue, sans pouvoir parler ni réagir, en me sentant totalement lessivé. J'ai la sensation à leurs réactions qu'il n'y avait aucun mobile homophobe, juste le vol. Par contre, quand ils ont découvert un godemiché et une cassette vidéo pornographique en balançant une tiroir, j'ai clairement entendu: «On est tombé chez des pédés!» puis «t'as qu'a leur foutre ça dans la gueule» et là j'ai senti qu'on me versait un liquide dessus et j'ai ressenti des brûlures. As-tu des nouvelles d'Alexandre? Comment va-t-il? Il est hospitalisé. Je lui rendais visite très régulièrement et, depuis ce week-end, il m'a demandé de ne plus venir, parce que ça lui faisait trop mal de me voir dehors et lui dedans. Il est dans une chambre aseptisée et nous à l'extérieur avec un interphone pour lui parler. Je respecte cette demande parce que je sais qu'il souffre aussi énormément physiquement. Il a subi une première greffe de peau et devra en subir une autre bientôt. Je lui parle régulièrement au téléphone. |
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