28/09/2009 INTERVIEW. Après l'agression d'une lycéenne lesbienne à Albi, SOS homophobie, qui vient d'obtenir un agrément national du ministère de l'Education, revient sur la nécessité des actions à l'école. L'actualité a rappelé de façon tragique que les collèges et lycées étaient toujours un terrain fertile pour l'homophobie en tous genres. Il y a quelques jours, on apprenait qu'une lycéenne d'Albi a été rouée de coups après plusieurs semaines d'insultes en raison de son homosexualité. L'occasion de faire le point sur un moyen possible de prévention de ce type d'homophobie: les interventions en milieu scolaire. SOS homophobie, qui vient enfin d'obtenir un agrément national pour intervenir dans les collèges et lycées, «constate une nouvelle fois l'urgence qui existe à pratiquer ces interventions» après l'affaire d'Albi. TÊTU a interrogé en fin de semaine dernière Chrystelle Chopin et Michel Rey, référents de la commission Interventions en milieu scolaire de SOS homophobie. TÊTU: Que représente cet agrément pour interventions en milieu scolaire? Que vous permettra-t-il de faire de plus ou mieux? SOS homophobie: Ces agréments académiques et nationaux sont tout d'abord une reconnaissance du travail accompli, un encouragement à toute l'équipe. Au plan de l'institution, c'est une sorte de «label», une garantie. L'agrément n'est pas obligatoire pour intervenir, il n'oblige pas les chefs d'établissement (qui sont les seuls habilités à accepter une intervention) à donner leur accord, mais ces derniers ne pourront plus se réfugier derrière l'argument: «Vous n'êtes pas agréés» comme ça été le cas à Lyon l'an dernier. Cette reconnaissance est le fruit d'un long combat… Absolument. C'est le combat de nombreuses associations et tout particulièrement de Couleurs gaies de Metz qui a obtenu le sien après une longue bataille juridique et cette victoire a créé une jurisprudence importante. C'est aussi le combat quotidien de toutes les associations qui réclament des actions au niveau de l'école. Ces revendications ont été relayées par la Halde qui a publié d'importantes recommandations. Ainsi, un mouvement s'amorce: en 2004, SOS homophobie a obtenu l'agrément à Versailles, ensuite en 2008 à Créteil et Paris, et maintenant l'agrément national. Avec Contact, nous sommes les deux seules associations agrées au plan national et c'est insuffisant. Nous encourageons toutes les associations qui font des interventions à solliciter cet agrément. Quel est le travail concret de SOS sur le terrain? Comment se déroule une intervention? Nos interventions sont toujours en binôme, le plus souvent possible mixte. Nous commençons toujours par préciser les notions en partant des discriminations en général. Puis nous recentrons sur les discriminations LGBT. Ensuite nous diffusons un extrait du film «Etre et se vivre homo» puis la discussion s'engage, autour de réponses à des questions posées anonymement par les élèves sur des petits papiers. Les réponses s'organisent comme un dialogue, comme toute l'intervention. Nous faisons toujours un point sur le droit et nous terminons par une évaluation de notre intervention via un questionnaire. Peut-on évaluer l'état de l'homophobie à l'école? Comment y remédier? En 2008, 4% des appels reçus sur la ligne concernaient le milieu scolaire. C'est peut-être peu, mais si l'on pense que le numéro d'appel de notre ligne est très peu diffusé auprès des jeunes, c'est beaucoup. Et très fréquemment, des témoignages d'agression nous parviennent. Donc, fondamentalement, la situation n'a probablement pas beaucoup changé depuis notre enquête en 2005-2006. 58% des personnes interrogées disaient alors avoir été victime ou témoin d'homophobie. Et 90% des sondés pensaient que l'Education Nationale ne faisait pas ce qu'il fallait pour lutter contre l'homophobie. Quel est le chantier qui attend SOS dans ce domaine? Aujourd'hui le monde éducatif, les chefs d'établissements, les personnels, commencent à prendre conscience du problème. Les institutions ont donné des signes encourageants: il y a les deux dernières circulaires de rentrée, la future campagne de sensibilisation «parler de sa différence», les recommandations très fermes de la Halde. SOS homophobie sera donc très attentive à la poursuite de la lutte en milieu scolaire. Mais nous ne pouvons pas tout faire à nous seuls. Nous demandons donc à ce que de nombreuses associations puissent être agréées nationalement et sur le plan académique et aussi, et c'est urgent, et même urgentissime, que cela soit intégré à la formation initiale et permanente des enseignants. Sur ce point, tout reste à faire. |
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