23/05/2006 À désormais cinq jours de la gay pride – maintenue par ses organisateurs malgré l'interdiction formulée par le maire de Moscou (lire Quotidien du 19 mai) – le bras de fer continue entre une partie de la communauté homosexuelle russe et les opposants à la marche. Hier, lundi 22 mai, un mouvement nationaliste russe a appelé sur son site Internet à entraver «les sodomites et les dégénérés» dans leur progression. Composé notamment de skinheads, ce groupuscule appelé l'Union de tous les Russes était déjà responsable d'actions violentes début mai (lire Quotidien du 2 mai). Lors d'opérations coup de poing, ses partisans avaient notamment assiégé durant des heures une boîte de nuit gay et frappé des homosexuels. Il est alors d'autant plus consternant de voir la voix d'un intellectuel russe de premier plan se mêler à ces pressions. L'écrivain Aleksandr Soljenitsyne a en effet soutenu l'Église orthodoxe hier dans sa volonté d'instaurer un «nouveau concept des droits de l'être humain» afin de contrecarrer «la notion occidentale de la liberté» qui pourtant lui a été d'une grande aide lors de ses années d'exil. Dans cette nouvelle guerre froide entre ce qui est «juste et ce qui ne l'est pas», l'ex-dissident soviétique, prix Nobel de littérature en 1970 et âgé de 87 ans, dénonce avec les orthodoxes «l'utilisation du concept de liberté personnelle en vue d'insulter les religions et les sentiments nationaux». D'après un document validé par le patriarche orthodoxe de Moscou et de toutes les Russies Alexis II, «le monde fait face à un conflit entre des civilisations interprétant de manière différente la notion des droits de l'être humain» (lire Quotidien du 17 mars). Les «démocraties de l'Ouest» sont accusées d'engager une «propagande» entraînant «le déclin de la civilisation chrétienne». Côté manifestants, la vice-présidente de l'Intergroupe LGBT au parlement européen, Sophie In't Veld, a annoncé sa participation à la marche. La députée néerlandaise trouve inacceptable qu'un pays puisse présider le Conseil de l'Europe et céder à la pression des Églises en laissant interdire le défilé légal d'un groupe de population. «Cette interdiction, dit-elle, ne concerne pas uniquement la communauté LGBT, elle remet aussi en cause le droit de rassemblement et le devoir induit aux États de protéger leurs citoyens de l'homophobie et des attaques violentes.» La fédération de Russie assure en effet la présidence du Conseil de l'Europe depuis vendredi dernier. |
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