09/10/2009 VERBATIM. En pleine polémique sur ses écrits de 2005, Frédéric Mitterrand était ce jeudi soir l'invité du journal de TF1. Très combatif, parfois virulent, il s'est défendu d'avoir fait l'apologie du tourisme sexuel. Lisez ici ses principales déclarations. Frédéric Mitterrand s'est finalement décidé à répondre sur le fond à la polémique qui fait rage depuis trois jours à l'initiative de Marine Le Pen (Front national), et dont il est le centre. Invité ce jeudi soir du journal de Laurence Ferrari sur TF1, le ministre de la Culture est apparu très combatif, parfois ému, parfois virulent. Durant une douzaine de minutes, il s'est vivement défendu d'avoir fait l'apologie du tourisme sexuel, et encore moins de la pédophilie, dans son livre La mauvaise vie qui date de 2005. «Je n'ai jamais fait de mal à personne dans ma vie», a-t-il martelé. Lisez ici les principaux extraits de son interview. «La mauvaise vie», roman ou vérité? «Ce n'est pas un roman, ni des mémoires. J'ai préféré laisser les choses dans le vague. C'est un récit, mais j'ai préféré ne pas mettre «récit», parce qu'au fond, pour moi c'est un tract. C'est une manière de raconter une vie qui ressemble beaucoup à la mienne, mais qui ressemble aussi à la vie de beaucoup d'autres gens. [Le livre a été lu] par beaucoup de gens, qui ont été sensibles à sa sincérité ou à son écriture. «Ce livre s'inscrit dans un livre qui s'appelle La mauvaise vie. C'est le parcours d'une existence difficile. Dans cette mauvaise vie, il y a aussi des mauvais lieux. Il y a des descriptions qui sont rudes, car on ne fait pas de la bonne littérature, comme j'espérais le faire, avec des bons sentiments.» «Ce n'est pas l'apologie du tourisme sexuel» «Les trois jours que je viens de passer ne sont pas très faciles. Je ne suis pas là pour me plaindre, on m'avait dit que la politique était quelque chose de dur, je le savais, je le constate. Je tiens simplement à préciser deux points essentiels. D'une part, ce n'est en aucun cas l'apologie du tourisme sexuel. Même si un des chapitres est précisément une traversée de cet enfer, avec la fascination que cet enfer peut susciter. «Je continue. Deuxième chose: l'amalgame auquel je suis confronté, d'une totale injustice, qui voudrait que les garçons soient des mineurs: en aucun cas. (Il le répète.) Laurence Ferrari, je n'ai jamais fait de mal à personne dans ma vie. Jamais. On fait toujours un peu de mal à des gens, mais là on parle de choses essentielles. Il n'y a pas d'apologie du tourisme sexuel, il n'y a pas d'apologie, sous aucune forme, de la pédophilie et de la relation avec des jeunes garçons, comme se sont permis de dire un certain nombre de commentateurs, voire un certain nombre de politiques qui ont certainement confondu leurs fantasmes et, peut-être, une certaine méchanceté, avec ce dont il s'agit.» «Je défends mon honneur» A la question de Laurence Ferrari, «Comment pouviez-vous savoir si ces garçons étaient mineurs ou pas?», Frédéric Mitterrand devient véhément: «Un boxeur de quarante ans ne ressemble pas à un mineur, franchement!» Demandant à la journaliste si elle avait lu le livre («J'ai lu les passages concernés», répond-elle), il ajoute: «Si vous aviez lu le livre, vous vous seriez rendu compte que les passages concernés ne sont que la résultante de toute une série d'autres passages.» Il s'interrompt subitement, s'excusant de son émotion. «Je pense à mon honneur, je pense à ma famille, je pense à mes enfants, à ma mère. Je ne voudrais pas faire de plaidoyer pro domo, mais je pense à tout cela. Forcément, je suis ému parce que ce sont des choses qui sont importantes. Je suis en train de défendre, d'une certaine manière, mon honneur.» «Il ne faudrait pas confondre l'homosexualité et la pédophilie» «Oui, j'ai eu des relations avec des garçons, on le sait, je ne le cache pas, mais il ne faudrait pas confondre, ou alors on serait revenu véritablement à l'âge de pierre, l'homosexualité et la pédophilie. Et si vous lisez le livre bien clairement, je pense que c'est tout à fait évident.» Des regrets? «Le livre est un livre moral. Quand on a eu une vie difficile, compliquée –je ne suis pas le seul à l'avoir eue, beaucoup d'autres gens l'ont eue, ont traversé des moments difficiles, des moments compliqués, où on se fait honte. Mais ce qui est important, c'est précisément la manière dont on surmonte ce genre de situations et dont on en sort. Le livre que j'ai écrit est celui de quelqu'un qui sort, qui surmonte un certain nombre de situations difficiles.» «Une erreur: sans doute; un crime: non; une faute: même pas» Estime-t-il avoir commis une erreur? «Une erreur, sans doute. Un crime, non. Une faute, même pas, puisque j'étais chaque fois avec des gens qui avaient mon âge, ou cinq ans de moins, et qui étaient consentants. Il n'y avait pas la moindre ambigüité.» «Avec le temps, je pense que j'ai fait une faute contre la dignité humaine, et je pense qu'il faut se refuser absolument à ce genre d'échanges. (…) Je ne veux pas me faire plaindre, mais on peut commettre ce genre d'erreurs, et que vienne me jeter la première pierre celui qui n'a pas commis ce genre d'erreurs. Parmi tous les gens qui nous regardent ce soir, quel est celui qui n'aurait pas commis d'erreur une fois dans sa vie?» «Nicolas Sarkozy m'a confirmé sa confiance» «De surcroît, ce n'est pas un récit autobiographique, c'est un récit où il y a beaucoup de violence, d'amertume, beaucoup, je l'espère de force, et c'est ça que les gens ont ressenti. (…) J'ai de plus en plus de soutiens, qui me jugent en fonction de la littérature. A-t-il songé à démissionner? «Aucunement.» Il a été reçu «en urgence» («en audience», corrige Mitterrand) par le Président Nicolas Sarkozy, que lui a-t-il dit? «Il m'a confirmé sa confiance, comme M. Fillon, qui a dit ensuite aux cadres UMP qu'il avait commencé à m'apprécier quand il avait lu mon livre, il y a quatre ans. Il avait sans doute été frappé par la sincérité, et peut-être par le courage dont le livre faisait part. Pas question de démission A-t-il songé à proposer sa démission? relance Laurence Ferrari. «Jamais, je ne rajouterai pas l'indignité à l'injustice du traitement qui m'est fait, par des gens dont je peux comprendre le ressentiment, comme Marine Le Pen, et par d'autres dont je ne peux absolument pas comprendre l'aveuglement, peut-être même le désir de rancune ou de vengeance, comme certains élus socialistes.» Quant à la suite: «J'ai travaillé toute la journée au ministère. Je crois que je suis bien accepté par mes collègues ministres. Plusieurs d'entre eux ont dit que je travaillais bien. Tout le monde attend mes explications de ce soir, mais je pense que les gens qui croient à la politique depuis longtemps avaient droit ce soir à une part de vérité après ce torrent de mensonges et d'amalgames. Les amalgames, c'est le premier pas de la calomnie.» Sur l'affaire Polanski: un amalgame «étrange» Revenant sur l'affaire Roman Polanski, arrêté en Suisse pour une affaire de pédophiie, et que Frédéric Mitterrand avait défendu avec force, il dit: «J'étais dans un moment d'émotion. (…) Je peux faire savoir à un artiste de réputation internationale qu'il ne sera pas abandonné par son ministre de la Culture et de la communication, et qu'il veillera à ce qu'il ait un traitement équitable. «Je reconnais que j'ai été un peu trop émotif, mais vous constaterez que (…) l'affaire Polanski est devenue l'affaire MItterrand, c'est assez étrange comme dérapage et comme amalgame, c'est assez étrange sur la manière dont certaines personnes considèrent ce genre de choses.» «Vous avez l'air de ne pas avoir écouté!» Soudain, il s'emporte contre Laurence Ferrari, qui lui demande, pour conclure, s'il «serait présent dans l'hémicycle» le jour où l'Assemblée nationale examinera un texte sur le tourisme sexuel. «Comment pouvez-vous me poser cette question, Laurence Ferrari? En me posant cette question, vous avez l'air de ne pas avoir écouté ce que je vous ai dit depuis cinq minutes!» D'une voix étranglée de colère, il ajoute: «Je condamne absolument le tourisme sexuel qui est une honte. Je condamne la pédophilie à laquelle je n'ai jamais participé d'aucune manière. Et toutes les personnes qui m'accusent de ce genre de choses devraient avoir honte de faire une chose pareille. Et toutes les personnes qui font cela font l'amalgame constamment, qui est le premier stade de la calomnie et de l'injustice, c'est tout.» «Merci d'être venu sur TF1 pour nous donner ces explications, monsieur Mitterrand», conclut Ferrari, penaude. |
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