31/05/2006 C'est par la voix de Jean-Baptiste Mattéi, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, que la France a officiellement réagi ce mardi 30 mai, trois jours après la gay pride interdite de Moscou (lire aussi les chroniques de nos envoyés spéciaux à Moscou qui ont suivi cette première gay pride). Jean-Baptiste Mattéi a demandé à la Russie de «faire toute la lumière» sur les violences qui ont marqué la tentative de défilé. «À l'occasion de cette manifestation, un certain nombre de ressortissants étrangers, dont plusieurs Français, y compris des élus, ont été victimes de brutalités», a-t-il déclaré, rappelant maladroitement que «l'orientation sexuelle relève de la sphère privée et que nul ne saurait donc être victime de violences au nom de son choix en la matière». Le gouvernement souhaite mettre en avant l'intervention du consul de France à Moscou, qui «s'est rendu sur place pour assister nos ressortissants victimes de violences et a accompagné l'un d'entre eux au poste de police où il a porté plainte». Le Quai d'Orsay prend donc les devants en répondant aux critiques des Verts et du PCF qui l'accusaient de mutisme. Mais l'Inter-LGBT a estimé qu'«en renvoyant la question de l'orientation sexuelle à un "choix" privé, le porte-parole du ministre donne raison aux autorités russes qui refusent de voir la lutte contre les discriminations comme un combat politique, nécessitant l'exercice public du droit d'expression et de manifestation.» Le collectif, qui juge que le Quai d'Orsay n'est pas à la hauteur, estime que désormais, «c'est au président de la République de parler d'une voix forte et claire». Quant au Parti socialiste, il a enfin réagi mardi après-midi, par la voix d'Adeline Hazan, secrétaire nationale aux droits de l'homme et libertés et de François Vauglin, délégué national aux questions LGBT. Le PS «fait part de sa solidarité avec les manifestants», et demande «une réaction à la mesure de ces graves incidents qui ont impliqué des ressortissants français». Conséquence directe de la réaction du gouvernement français, Catherine Tripon et Pierre Serne, en tant que représentants de l'Inter-LGBT, ainsi que Louis-Georges Tin, président de l'Idaho, seront reçus aujourd'hui mercredi 30 mai, vers 17h30, à l'ambassade de Russie à Paris. Pourtant hier, lors d'une interview radiophonique, Youri Loujkov (photo), le maire de Moscou, a réitéré des propos homophobes en justifiant les violences. «Notre mode de vie, notre moralité et notre tradition sont plus purs à tous points de vue, a-t-il martelé pour répondre aux critiques de certains pays d'Europe de l'Ouest. L'Ouest devrait apprendre de nous, au lieu de courir vers toujours plus de laxisme. Nous vivons dans un pays démocratique, mais nous vivons dans un pays organisé et dans une ville organisée.» Selon Youri Loujkov, qui règne sur Moscou depuis 1992, vouloir déposer des fleurs près de la flamme du soldat inconnu était «une provocation de la part de ces gays» qui aurait «désacralisé ce lieu sacré». Il comprend donc que l'on ait voulu les frapper pour les en empêcher. Dans ce contexte, Nikolai Alekseev, le coorganisateur de la gay pride, inquiet pour sa sécurité, est sur le point de quitter la Russie pour une durée non déterminée. En Roumanie, le président de l'association LGBT Accept, Florin Buhuceanu, rappelle que la dépénalisation récente de l'homosexualité en Russie ne doit pas être une excuse recevable en vue d'interdire une gay pride. Dans son pays, elle était encore criminalisée avant 2001, et cela n'a pas empêché le président Traian Basescu de soutenir la première marche l'année dernière, contre la volonté d'interdiction du maire de Bucarest selon les mêmes motifs fallacieux que ceux avancés par Youri Loujkov (lire Quotidien du 27 mai 2005). Une deuxième édition doit d'ailleurs avoir lieu samedi prochain dans la capitale roumaine. Le silence de Vladimir Poutine se transforme donc chaque jour en soutien plus fort à Youri Loujkov. Photo DR http://tetu.com/images_news/11490753351.jpg |
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