23/10/2009 Si la plus grande conférence jamais organisée sur le vaccin contre le sida attire tous les regards, c'est parce qu'elle offre un état des lieux de la recherche, en évitant toute annonce prématurée. TÊTU a recueilli les impressions des participants. À la veille de la clôture du congrès, les chercheurs ont continué aujourd'hui de partager leurs travaux, au rythme d'une présentation toutes les vingt minutes, de 8h30 à 18h30. 1.100 chercheurs ont fait le déplacement et un guide de 300 pages résume les interventions. Les journalistes, majoritairement étrangers, sont plus de 70 et on pourrait presque croire que le sida intéresse à nouveau la presse. Michel Sidibé, directeur exécutif d'Onusida a prononcé un discours magistral où il évoquait l'espoir comme moteur personnel, avant de féliciter les chercheurs qui ont donné «à la riposte au sida une impulsion immense». Il a rappelé aussi que «l'histoire de l'épidémie de sida se distingue par une longue et riche tradition d'activisme scientifique». Refus des effets d'annonce Président de l'Agence nationale de recherches sur le sida, le professeur Jean-François Delfraissy, qui préside aussi la conférence, a une fois encore refusé de jouer les experts en prospective financière. Pas question pour lui d'indiquer une somme qui servirait à trouver un vaccin. «Nous manquons d'argent, mais ce n'est pas qu'une question d'argent. Nous avons besoin d'idées, et notre milieu doit faire preuve d'ouverture.» Au passage, Têtu l'a interrogé sur la Une de l'hebdomadaire L'Express de jeudi dernier («Sida, enfin le vaccin») et sur les certitudes du professeur Jean-Claude Chermann étalées à l'intérieur du magazine. «Pas de commentaires», a-t-il indiqué, avant de regretter les multiples effets d'annonce de la part de nombreux scientifiques. L'annonce d'un essai suédois mené en Tanzanie sur un tout petit groupe paraît décidément relever davantage de la course au budget que du respect des normes scientifiques, où l'on réserve le résultat de ses travaux à ses pairs, afin d'avancer ensemble. L'avis des experts Françoise Barré-Sinoussi, co-présidente de la conférence, a jugé pour sa part que l'objectif du congrès, dédié à certains aspects de la recherche fondamentale utiles à la recherche vaccinale, était atteint. Des travaux sur la réponse immunitaire après l'infection, ainsi que sur les cellules dendritiques et l'adénovirus ont soulevé un grand intérêt. Les cellules dendritiques ont une particularité; elles «expriment» un large éventail de protéines permettant de détecter la présence de pathogènes. Elles font partie des cellules présentatrices d'antigène, une substance étrangère à l'organisme capable de déclencher une réponse immunitaire visant à l'éliminer (la substance, pas l'organisme). «C'est une nouvelle voie de recherche, un élément-clé pour moduler la réponse immunitaire dans la bonne direction», a commenté Jean-François Delfraissy. Les adénovirus contiennent de l'acide désoxyribonucléique. Ils entraînent l'apparition d'infections bénignes mais graves quand l'immunité est affaiblie. Le président de l'ANRS a aussi évoqué les progrès technologiques en matière d'imagerie et l'hypothèse d'une «union des forces» avec les équipes qui cherchent de meilleurs vaccins contre la tuberculose, cause de millions de décès par an et souvent associée au sida dans les pays pauvres. En ce qui concerne les essais en phase 3 (c'est à ce stade que l'on compare le vaccin à un placebo), il a cité un seul essai à grande échelle. Mené par HIV Vaccine Trials Network, il vient de débuter et se terminera fin 2010. |
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