06/11/2009 JUSTICE. Un procès à Orléans montre les limites de la loi contre l'homophobie. Sans insultes ou éléments matériels, difficile d'invoquer un mobile homophobe. Faut-il juste tabasser les gays en silence pour éviter des peines trop lourdes? Ni insultes, ni écrits homophobes sur la scène du drame. Donc pas d'homophobie, malgré des coups violents assénés à Etienne*, le 4 août 2007. C'est en tout cas la défense de l'avocat de Bastien et Fabakari, deux jeunes gens de 21 ans, qui comparaissaient mardi 3 novembre devant le tribunal correctionnel d’Orléans pour violence en réunion à caractère homophobe. «J'ai un cousin gay, ça ne pose pas de problème» La focalisation des débats sur ce point précis aurait, selon l'avocat, masqué les remords formulés par les deux prévenus lors de l’enquête et réitérés à la barre. Lesquels, se défendant de tout sentiment homophobe –«J’ai un cousin gay, ça ne pose aucun problème» a tenté Bastien– ont quand même admis qu’ils avaient d’abord nié les faits parce qu’ils avaient peur d'être accusés d'homophobie. Et pour cause: l'agression s'est produite sur un lieu de rencontres et de drague gay de l’agglomération d’Orléans. Mais pour les deux jeunes gens, il s'agissait seulement de se défouler. Fabakari était furieux de s'être fait voler sa voiture neuve, tout près de là et peu de temps avant. Étienne n’aurait pas été sciemment choisi. Ils auraient tabassé le premier venu, sans aucune autre arrière-pensée. Une défense qualifiée «d'absurde» par la procureure de la République, qui a dénoncé la gratuité de ces actes ainsi que les coups très violents et répétés portés à Étienne alors qu’ils avait été mis a terre par un premier agresseur, mineur au moment des faits, condamné en avril dernier. Pour la représentante du ministère public, il ne fait aucun doute que les deux jeunes gens et leurs complices (non poursuivis faute de preuves) n’ont pas choisi au hasard ce lieu pour venir se défouler. Des membres de la bande ont reconnu que certains y étaient déjà venus «s’amuser auprès des homos qui s’y trouvaient». La victime traumatisée Reste que, deux ans après les faits, Étienne reste profondément traumatisé par cette agression, qui constitue, selon l'expert consulté «un choc psychologique et traumatique important». Ses seuls mots ont été de redire qu’il a eu, ce soir-là, «peur de mourir». Il a depuis perdu dix kilos, continue à faire des cauchemars, craint de sortir seul et n’arrive pas à s’engager dans une vie de couple. Au sortir de la salle d’audience, on pouvait lire une certaine inquiétude sur le visage de Denis Lefèvre, le président du Groupe d'action gay et lesbien Loiret (GAGL). Il craint que la non-reconnaissance du caractère homophobe de l'agression, pour défaut d'insulte, ne soit la porte ouverte à des bandes organisées qui sauraient alors que pour éviter la circonstance aggravante, il suffit juste… de se taire. La procureure de la République a demandé un an avec sursis pour chacun des prévenus. Le jugement sera rendu le 1er décembre. |
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