08/12/2009 Meurtre homophobe ou non? Cette question hantera les débats du procès qui s'ouvre aujourd'hui à Douai, pour le meurtre, en janvier 2008, d'un gay sur un lieu de drague. Le procès qui s'ouvre aujourd'hui à Douai (Nord) est-il celui d'un crime homophobe? C'est la question qui va occuper une partie importante des débats aux assises, jusqu'à jeudi. En janvier 2008, le corps partiellement dénudé d'Antonio Paulo Sales, un sexagénaire gay a été retrouvé dans le jardin public de Cambrai, un endroit connu comme lieu de drague homosexuelle. Son visage était tuméfié et ensenglanté, et il était vêtu uniquement d'un tee-shirt et de chaussettes. Rapidement, deux jeunes sans domicile fixe de la ville, Kevin Boucher et Cédric Thomasse, âgés de 20 et 28 ans, ont été appréhendés. Ils ont été mis en examen pour «homicide volontaire en raison de l'orientation sexuelle de la victime» (cette circonstance augmentant la gravité de l'acte, et donc a priori de la condamnation). Le crime homophobe était d'emblée le mobile privilégié par les enquêteurs. «Il a eu des relations homosexuelles, comment pourrait-il être homophobe?» Or, depuis la reconstitution du drame, la qualification du drame a changé. Les accusés sont désormais poursuivis pour «vol avec violence ayant entraîné la mort sans intention de la donner». Pourtant, l'un des agresseurs aurait interrogé sa victime pour savoir «s'il était pédé» avant de le violenter… L'avocat de Kevin, principal mis en cause, s'acharne à montrer «qu'il ne s'agit pas d'un meurtre homophobe». Avec cet argument: l'accusé, s'il n'est pas homosexuel, «a déjà eu des relations homosexuelles», explique l'avocat à la Voix du nord. «Dans cette perspective, comment peut-on aller jusqu'à l'homophobie? Cela me paraît contradictoire!» L'avocat de Cédric, lui, explique qu'il ne faut pas que son client soit condamné plus sévèrement pour homophobie: «C'est un suiveur, c'est tout», dit-il. «Chasse aux pédés» En face, les avocats de la partie civile représentent les deux personnes agressées avant le meurtre mais également la fille d'Antonio Paulo Sales et du Collectif contre l'homophobie, qui s'est impliqué dans ce procès. Pour eux, le motif homophobe ne fait pas de doute. La question posée avant le meurtre, mais aussi des témoignages selon lesquels les agresseurs s'étaient vantés dans leur foyer de faire «une chasse aux pédés»… Les victimes, elles, débutent ce procès avec la crainte d'affronter une épreuve. «Il va falloir évoquer des détails de la vie personnelle. Ce sera difficile», ont-ils confié. |
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