09/12/2009 «Sports et homosexualités: c'est quoi le problème?», qui sera diffusé le 4 janvier sur Canal+, lève le voile sur ce sujet tabou, notamment à travers les témoignages de sportifs ouvertement gays, et d'autres qui veulent rester anonymes. «Petite tarlouze», «On n'est pas pédés, la preuve on t'encule», les propos et les banderoles homophobes fleurissent dans les stades. Pour la première fois, un documentaire de Canal+ aborde sans tabou la question de l'homosexualité dans le sport, dans un documentaire qui sera diffusé en janvier. Il n'y a pas moins d'homosexuels dans ce domaine qu'ailleurs. Simplement, très peu d'athlètes révèlent leur orientation sexuelle. Y-a-t-il donc un problème entre le sport et les homos? C'est à cette question que tente de répondre le documentaire, écrit et réalisé par Michel Royer, coproduit par Capa, à partir d'interviews, de reportages et d'images d'archives. Beaucoup de refus Michel Royer explique avoir essuyé beaucoup de refus. «Certains acceptaient de parler de leur homosexualité au téléphone, mais pas en public. Le triathlète Carl Blasco la footballeuse Marinette Pichon parlent pour la première fois», confie-t-il. D'autres sportifs de haut niveau témoignent. Comme le plongeur australien Matthew Mitcham, qui a été le premier champion olympique ouvertement homo en 2008, ou le footballeur Olivier Rouyer qui a fait son coming out à 53 ans. Pourquoi si tard? «J'ai envie de dire tout simplement parce que la société n'est pas prête à ça», concède ce dernier, reconnaissant avoir eu peur d'être traité de «sale pédé». Une douzaines d'athlètes refusent de faire leur coming-out Un sociologue a interrogé une douzaine de sportifs de premier rang sous réserve de ne pas révéler leurs noms. Leur réponse a été unanime: «Il n'est pas question de révéler notre homosexualité, ça nous mettrait en danger dans le milieu sportif». Le premier risque pour un athlète qui ne cache pas son homosexualité est d'être mis à l'index de l'équipe. Car le sport véhicule toutes sortes de clichés sur la virilité et de préjugés souvent ressentis douloureusement par les athlètes. Tant et si bien que beaucoup affichent une hétérosexualité, parfois imposée par leurs sponsors. Pour le triathlète Carl Blasco, en parler fut toutefois «une grande libération». Gêne dans le rugby, insulte dans le foot «Le racisme et l'homophobie, je ne vois pas la différence», assure le champion du monde 1998 de football Lilian Thuram. Au sein des instances sportives, même si l'homophobie est condamnée, le discours est parfois maladroit. Pour preuve la réponse de Jean-Pierre Escalettes, président de la Fédération française de football, à la proposition d'une charte contre l'homophobie. «On n'a pratiquement jamais de cas qui se présente pour aller signer une charte pour attirer l'attention sur quelque chose qui n'est pas, heureusement, répandu». «Dans le rugby on ne parle pas d'homosexualité car les joueurs ont des gestes très physiques entre eux, ils préfèrent ne pas savoir pour éviter toute gêne. C'est un peu moins idiot que dans le foot où être homo est une injure», estime Michel Royer. Les lignes bougent. Nick Youngquest, joueur de rugby australien hétéro, n'a pas hésité à poser pour des médias gay – il était le cover-boy de TÊTU février 2009. «Ça évolue» Pour lui, la situation va évoluer: aujourd'hui les médias évoquent le sujet qui n'est plus tabou pour les jeunes générations. Mais dans des sports collectifs masculins comme le football et le rugby, gérés par des responsables vieillissants, le chemin risque d'être encore long. «Avec l'écho qu'a eu notamment l'histoire du Paris Foot Gay, il y a une vraie sensibilisation. La société va plus vite que les décideurs: il y a un gouffre entre le public et les sportifs d'un côté et les instances dirigeantes de l'autre», considère le producteur de Capa, Jean-Marie Michel. |
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