15/02/2010 En octobre 2009, deux mineurs montpelliérains avaient écopé de lourdes peines pour avoir agressé au marteau deux gays. En appel, l'homophobie n'a pas été retenue, au grand dam des victimes, mais les peines sont maintenues. C'est un véritable coup de massue pour les deux victimes gays des deux jeunes mineurs qui les avaient violemment agressés au marteau le 23 septembre dernier. Alors que le tribunal pour enfants les avaient condamnés en octobre dernier à deux ans de prison, dont un avec sursis, la chambre spéciale des mineurs de la cour d'appel de Montpellier, dans son jugement du 29 janvier, rejette la circonstance aggravante d'homophobie et ne considère pas que ce soit la raison de l'agression. «Il existe un doute» Pour le président du tribunal, il «existe un doute quant au caractère homophobe des insultes». Selon lui, le témoin présent ce soir-là était trop éloigné pour entendre des propos homophobes, et la seconde victime, celle assommée par un coup de marteau, n'a pas entendu et pu se souvenir de tous les propos qui suivirent. Pourtant, le président Sarrazin rappelle dans son arrêt que durant une audition un des agresseurs «a déclaré qu'il croyait que [son complice] avait dit on va vous niquer bande de pédés ou espèce de pédés ». Le doute aura donc persisté en défaveur des victimes, même si la cour d'appel a confirmé le maintien en détention et les peines de première instance, ainsi que les dommages et intérêts, y ajoutant même la somme de 600 € pour chacune des victimes. Isabelle Oger Ombredane, avocate d'un agresseur, considère cependant que «les peines maintenues, extrêmement lourdes, auraient pu être aménagées». Et d'ajouter: «Parce qu'on ne sait pas quoi faire de ces jeunes, on préfère les savoir en prison». «On a retiré le pourquoi de cette agression» Pour Nicolas Gallon, avocat des deux victimes, c'est une très grande surprise. «En rejetant la circonstance aggravante d'homophobie,on a retiré le pourquoi de cette agression. Finalement, on fait des agresseurs des monstres, acteurs de violences gratuites». Pour les victimes le choc est rude. François* contacté par TÊTU, ne comprend toujours pas: «En première instance, nous n'avions pas été écoutés et la qualification était retenue, et en appel nous avons pu nous exprimer et l'homophobie est rejetée». Les victimes et leur conseil qui comptaient sur un pourvoi en cassation sont déçus, puisque, comme le rappelle Manon Brignol, substitut du procureur, un pourvoi «ne peut être formé que sur des éléments de droit et non de fait, comme c'est le cas dans la motivation de cet arrêt». Conséquence, l'homophobie ne sera plus jamais reconnue dans cette affaire. Révoltés par cette situation, François et l'autre victime ont décidé d'organiser avec les associations Lesbian & Gay Pride de Montpellier et Chemin des Cimes une conférence de presse demain à Montpellier. Pour François «c'est notre parole qui a été mise en cause». Aussi demain, en présence de leurs avocats, qui relèveront les contradictions entre l'arrêt et le dossier, les victimes rendront publique une lettre ouverte n'appelant pas à la vengeance mais «permettant que notre parole soit entendue» assène François. * Prénom modifié. |
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