24/02/2010 TÉMOIGNAGE. Pudique et réservé, Jean-Philippe remue ciel et terre pour mettre en lumière le sort des séropositifs qui vivent dans la rue. Il raconte ses galères au quotidien. Il dit qu'il ne veut pas crever en silence. Que témoigner lui coûte, parce qu'il déteste l'étalage. Mais il s'est cogné la tête à trop d'indifférence. Abonné aux CDD, Jean-Philippe, un parisien de 38 ans a perdu son logement l'été dernier suite à une fin de bail. Quelques mois après, en novembre, la promesse de contrat à durée déterminée qu'on lui avait faite n'a pas été honorée. Il touche aujourd'hui des allocations chômage, ce qui rend impossible la location d'un appartement dans le parc privé. «J'ai tout le temps travaillé, j'ai même fait des chantiers pendant deux ans avec des contrats renouvelés» insiste-t-il. «Je ne suis pas un assisté.» Malgré sa trithérapie et les effets secondaires qu'elle engendre, il a frappé à bien des portes. Des assistantes sociales, Jean-Philippe en a vu plusieurs, dans des associations et à l'hôpital où il est suivi. L'une d'elle lui a dit, en deux minutes au téléphone, qu'elle ne pouvait rien faire. D'autres ont tenté, sans succès, de soutenir sa demande de logement social, en lui disant que certains attendent depuis trois ans. «Elles ont peu de possibilités et je sais par les associations qu'il y a des dizaines de cas comme le mien» explique Jean-Philippe. «Tout le monde reste flou, tout le monde s'en fout...» Selon Act Up, 22% des séropositifs français n'ont pas de logement. Parce qu'il a dormi dehors plusieurs fois, parce qu'il se refuse à mettre plus longtemps sa santé en danger, Jean-Philippe a écrit à son maire, à des élus, et même au président de la République. Le simple fait d'avoir une réponse l'a touché. Ce n'était pas toujours le cas. Souvent, les accusés de réception évoquent une solution, sans donner de date. Un de ses interlocuteurs lui a même donné l'ordre de ne pas appeler tous les jours... «Tout le monde reste flou, tout le monde s'en fout...» Chaque jour, il vit des situations kafkaïennes: ses indemnités de chômage seraient trop élevées pour une solution provisoire. On lui a même demandé une lettre de motivation pour un hébergement en foyer! Là encore, il pense à ceux qui n'ont pas les mots. A bout de forces, il dit qu'il ne reculera devant aucune méthode pour attirer l'attention. «J'étais pudique, je sens que je deviens violent.» |
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