02/03/2010 Laurent, 34 ans, est victime de harcèlement homophobe dans le petit village où il habite. «On va te tuer petit PD de merde», «on est pas pour les gayprides»... c'est en substance le contenu des trois lettres anonymes qu'il a déjà reçues. La police affirme prendre l'affaire «très au sérieux». «Ultime avertissement. On va te tuer petit PD de merde, ta plainte ne sert à rien, on a le pouvoir et les moyens de t'éliminé. Ne sort plus seul (sic).» Depuis qu'il a reçu cette lettre le 17 février, LX est «terrorisé, pétrifié». En quatre jours, cet artiste de 34 ans était explicitement menacé de mort pour la troisième fois. Toujours de la même façon: une enveloppe à son pseudonyme glissée sous la porte d'entrée de sa maison de village. Croix gammées et injures A l'intérieur, une ou deux pages rageusement écrites à la main, truffées de croix gammées et d'injures, le plus souvent homophobes : «Vous n'êtes qu'un sale pédé gauchiste de merde», « la culture n'a pas besoin de tes croutes, on est pas pour les gayprides. » Chaque courrier contient des menaces («T'as rien à faire ici !!! Dégage !», «On va te faire sauter ta sale gueule de PD») et pour seule mystérieuse signature : «les vrais Lorguais». Du nom des 10 000 habitants de Lorgues, bourgade rurale de l'arrière-pays varois. «C'est un village sympa. Paisible en hiver. Touristique en été», assure pourtant LX, Laurent dans le civil, grand Gavroche au regard doux, élevé à la frontière franco-belge dont il conserve une pointe d'accent, venu se perdre dans le Var «par amour». Depuis deux ans, c'est seul qu'il s'était installé à Lorgues «pour créer». LX peint des tableaux plein d'arrêtes et de couleurs, que lui inspirent Bernard Buffet et Brigitte Fontaine, sa muse, son idole : «Comme elle, je suis un peu barré, un peu zazou, un peu sur une autre planète. » Mais ces lettres anonymes ont eu raison de son insouciance : «J'ai perdu 4 kg, je suis sous antidépresseur, je ne dors plus: je bondis au moindre bruit.» Ayant quitté son domicile à la troisième menace, il nous reçoit chez des amis qui l'hébergent. «Ils sont hétéros», sourit celui qui n'a «jamais caché (son) homosexualité mais sans l'afficher.» Même s'il savait que «dans une petite ville, ça passe encore mal», LX n'imaginait jamais vivre un cauchemar pareil : «Si je n'avais pas été gay et artiste, tout ça ne serait pas arrivé...» Témoignages de soutien La gendarmerie, où il a déposé deux plaintes, a authentifié les menaces: «Ce ne sont pas des bêtises. Une enquête est en cours. C'est une affaire qu'on prend très au sérieux.» D'autant que le troisième courrier s'en prend aussi à deux amies de la victime : une employée et une conseillère municipales. Pourtant LX se voit comme une victime collatérale de ce qu'un journaliste qualifie de «contexte local délétère». A son arrivée, l'artiste s'était investi dans la vie culturelle communale avant de prendre ses distances à la suite «de malaises, de réflexions bêtes et méchantes». Exemple: «le 21 juin, on m'avait interdit de mettre de la musique dans une chapelle où j'exposais parce qu'on craignait que j'y fasse une gaypride!» Depuis que Var-Matin a révélé l'affaire, LX n'a reçu «que des témoignages de soutien». Sauf du «groupe de personnes» qu'il soupçonne, sans les nommer, d'être les corbeaux. Il espère que l'enquête aboutira rapidement afin de retourner vivre à Lorgues. «Mais dans quelles conditions ?», s'angoisse-t-il. Une marche silencieuse samedi La Ligue des droits de l'homme appelle à une marche silencieuse, samedi, départ à 10 h 30 du centre culturel de Lorgues. LX en prendra la tête, autant pour dénoncer les menaces dont il est la victime, que par fidélité à une cause qui ne lui a jamais été aussi chère : «le combat contre toutes les formes de discriminations.» Pour tout renseignement sur la marche silencieuse, vous pouvez appeler la Ligue des droits de l'homme de Draguignan au 04.94.68.20.98. |
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