09/03/2010 Une femme homosexuelle de 32 ans a été violée, mercredi dernier, à Béziers. La lesbophobie pourrait être le motif de l'agression. Une terrible nouvelle qui fait réagir Stéphanie Arc, co-référente de la commission Lesbophobie au sein de l’association SOS Homophobie. TÊTUE: Comment réagissez-vous à l'agression de cette femme de 32 ans à Béziers? Stéphanie Arc: Nous sommes, à SOS homophobie, extrêmement choqués par les actes qui ont été rapportés, par leur violence inouïe et leur barbarie. Nous adressons tout notre soutien à la victime et, si elle le souhaitait, serions bien entendu prêts à l'accompagner dans ses démarches. Nous espérons aussi que la circonstance aggravante de lesbophobie, si elle est avérée, sera retenue et pèsera lourd dans la balance. Des actes comme celui-ci arrivent-ils régulièrement? Il est bien sûr impossible d'en évaluer la fréquence, dans la mesure où il est difficile pour les victimes d'en parler et souvent renonceront à porter plainte. Mais on peut supposer à juste titre que les agressions sexuelles ne sont ni rares ni isolées. Quant à l'Enquête lesbophobie, menée en 2003-2004 par la commission lesbophobie de SOS homophobie, elle faisait état de 36 viols déclarés, à caractère lesbophobe (sur 1793 questionnaires), ce qui est plutôt alarmant, surtout quand on sait que les enquêtées ont tendance à minimiser leur situation. Et c'est dans le contexte familial qu'elles évoquent le plus souvent des viols (2,17 % des répondantes qui ont déclaré avoir vécu de la lesbophobie dans la famille), puis dans le contexte du voisinage (1,26 % des répondantes de la rubrique voisinage), du travail (0,92 %) et des amis (0,91 %). Les agressions à caractère sexuel proviennent le plus souvent de personnes que l'on connaît. Dans cette même étude, il apparaît que 57% des femmes interrogées se disent victimes d'homophobie, aujourd'hui les chiffres sont-ils en hausse? Lorsque nous avons mené cette enquête, nous avons en effet constaté que près de deux lesbiennes sur trois avaient vécu un ou plusieurs épisodes lesbophobes au cours de leur vie, ce qui est considérable. Depuis, les lesbiennes sont-elles plus souvent victimes de violences? Encore une fois, il est difficile de le dire. Nous pourrions le penser au regard des multiples agressions qui ont été relayées par les médias en 2009: on songe aux affaires d'Epinay-sous-Sénart (91) ou de Segré (49), où deux couples de lesbiennes, victimes de harcèlement, de menaces, voire de coups de la part de leur voisinage, ont été obligés de déménager, on songe aux agressions physiques par des inconnus dans les centres de Metz ou de Calais, etc. De plus sur la ligne d'écoute de SOS homophobie, on a observé en France, une augmentation des agressions physiques envers les lesbiennes (15 % des témoignages reçus en 2008 contre 6 % en 2007), notamment dans les lieux publics et le voisinage, phénomène qui s'avérait jusqu'alors plutôt l'«apanage» des gays (le fameux «cassage de pédé»). Mais il faut se garder de tirer des conclusions hâtives sur son regain: ce n'est pas parce qu'on en parle plus aujourd'hui, que la lesbophobie s'avère plus répandue. D'une part, les médias, qui se sont longtemps désintéressés des femmes relatent plus volontiers les violences lesbophobes, dans un contexte global de lutte contre les discriminations. De l'autre, dans ce contexte plus «favorable», les lesbiennes osent plus souvent parler des agressions qu'elles subissent, porter plainte et alerter médias, pouvoir publics et associations. Pourquoi assiste-t-on à ce genre d'agressions selon vous? Les viols «correctifs» de lesbiennes ne sont malheureusement pas nouveaux, tout comme la violence sexuelle comme outil de domination masculine. Les agresseurs cherchent sans doute à punir ces femmes qui se refusent à eux. Ils veulent les remettre dans le droit chemin en leur montrant «ce qu'est un vrai mec» et en rappelant aux femmes qu'«elles leur appartiennent». Tant que les femmes restent «disponibles» pour les hommes, une certaine homosexualité féminine est tolérée... Mais qu'une femme ose mener sa vie sans eux... jusque dans son lit, et elle s'expose à la violence, notamment sexuelle, de ceux qui voudraient continuer à voir le «saphisme» comme une passade ou un fantasme sexuel à usage masculin. |
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