11/03/2010 Depuis qu'il a sorti un livre intitulé «Je suis le seul joueur de foot homo, enfin j'étais...», les rapports de Yoann Lemaire avec son ancien club sont houleux. Une histoire de facture impayée est venue rajouter de l'huile sur le feu. TÊTU fait le point sur ce coming out... pas si féérique qu'il en avait l'air. TÊTU voulait vous donner des nouvelles de Yoann Lemaire. Yoann est ce footballeur amateur ardennais qui a raconté son édifiante histoire dans un livre intitulé Je suis le seul joueur de foot homo, enfin j'étais... (Editions T.G., voir Têtu n°152). Celle de son coming out à ses coéquipiers et l'euphorie qui s'en est suivie. Car à la faveur d'un rapprochement avec le Paris Foot Gay (PFG), son club, le FC Chooz, est devenu dans la foulée l'emblème de la lutte contre l'homophobie dans le foot. La preuve incarnée que c'était possible. «Le rêve éveillé», résume Pascal Brèthes, le président du PFG. Mais, pour Yoann Lemaire, en coulisses tout n'était pas si féerique. Un jour, devant les caméras de France 3, les apparences volent en éclat: un de ses coéquipiers tient des propos homophobes et arrache de son maillot le badge «Carton Rouge à l'homophobie». Fin de la lune de miel. Car non seulement le coéquipier ne sera pas sanctionné, mais il bénéficiera peu de temps après d'une sélection en équipe première. De son côté, de brimades en mises à l'écart, Yoann Lemaire préfère dire adieu au football. Depuis, il ne va pas très bien. D'autant qu'une histoire de facture impayée vient de remettre le feu aux poudres. Une facture de plus de 1400 euros Retour en juin 2009. Le samedi 13, des joueurs du FC Chooz doivent se rendre au tournoi annuel du PFG. Pour l'occasion, un bus est affrété grâce à une subvention municipale. Celle qui, tous les ans, permet au club de s'offrir «un déplacement hors du département», comme l'explique Frédéric Coquet, le président du FC Chooz, contacté par TÊTU. Seulement voilà, une semaine avant ce déplacement, la «promotion» du joueur incriminé par le reportage télévisé parvient aux oreilles de Pascal Brèthes. «J'ai trouvé que c'était une provocation, se souvient le président du PFG. J'ai appelé le président du FC Chooz et on s'est engueulé. Je lui ai dit: "je ne peux plus vous faire venir au Parc Des Princes". Mais comme c'était quand même punir beaucoup de gens, on a permis à une équipe de Chooz de venir. On l'a appelée Les Amis de Yoann.» Cette «engueulade» a eu lieu au cours d'un mariage auquel Yoann Lemaire était invité. Frédéric Coquet considère donc que «depuis ce jour-là, Yoann savait que le club ne prendrait pas en charge le bus. On l'avait prévenu.» «Je n'ai pas eu connaissance de cette conversation, explique de son côté Yoann Lemaire. Deux jours avant le déplacement, le président m'a juste dit qu'il ne pourrait pas venir. Il me dit aussi qu'il me déconseille de prendre le bus... Mais c'est tout.» Le tournoi a lieu, «les amis de Yoann» sont battus en finale. Fin de l'histoire... «Mais six mois après, poursuit l'ancien footballeur, la société de transports m'appelle pour me réclamer les mille quatre cent et quelque euros de la facture!» «Cette histoire est stupide!» Depuis, chacun campe sur ses positions. Yoann Lemaire, qui a pris un avocat, attend toujours une réponse du FC Chooz concernant le règlement de ce bus. Lui, on l'aura compris, se refuse à le payer de sa poche. «Cette histoire de bus, c'est stupide, nous a expliqué avec véhémence Frédéric Coquet. C'est contre-productif! Il savait qu'on ne le prendrait pas en charge et il est allé au bout de son truc quand même. C'est Yoann lui-même qui s'est exclu». Quant aux propos homophobes tenus devant les caméras de télévision, le président calcéen ne les nie pas, mais s'étonne que «comme un fait du hasard, ce conflit éclate entre lui et un jeune devant les caméras, avec un micro caché, une fois que Yoann l'a provoqué en lui demandant de répéter ce qu'il avait dit deux ans plus tôt. Il faut qu'il arrête de dire n'importe quoi. Vous verrez bien que c'est un mec qui s'est monté un film et qui veut tirer la couverture à lui.» Lettre ouverte à la Fédération et à Rama Yade Cette semaine, le PFG a envoyé une lettre ouverte à la Fédération Française de Football afin d'«attirer l'attention de la FFF (...) au sujet d'un cas d'homophobie notoire au sein d'un club affilié, le FC Chooz.» Et attend une réaction de sa part. Yoann Lemaire, qui a reçu le soutien du président de la Ligue de football professionnel Frédéric Thiriez, travaille, lui, à un courrier à l'attention de la Secrétaire d'Etat chargée des Sports Rama Yade. «Ce serait triste de devoir finir au tribunal, conclut-il, et je cherche avant tout à régler tout cela à l'amiable. Je ne veux pas foutre le bazar, juste qu'on me fiche la paix.» «Mais je voudrais laisser un message, ajoute-t-il. Dire qu'il n'est pas normal qu'un homophobe continue à jouer sans la moindre petite sanction et se vante d'avoir réussi à me mettre sur la touche. Parce qu'alors les jeunes qui m'écrivent qu'ils préfèrent rester dans le placard parce que tout ça est un échec auront raison.» |
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