22/03/2010 INTERVIEW. Au-delà du débat sur l'homoparentalité qui aura lieu bientôt au Sénat, l'Association des parents gays et lesbiens souhaite une action internationale contre les pays qui refuse de confier des bébés à des couples homos. Autoriser l'adoption par des partenaires pacsés, tel est l'objectif du débat prévu le 25 mars au Sénat. Basé sur une proposition de loi déposée en décembre dernier, il suggère de compléter l'article 343 du code civil, en ouvrant l'adoption aux «partenaires liés par un pacte civil de solidarité, depuis plus de deux ans». Bien sûr, il y peu de suspense: le projet, issu du groupe socialiste et apparentés, sera très certainement avorté. Pour autant, l'organisation d'un tel débat est une avancée. Relative, selon le porte-parole de L'APGL. TÊTU: Comment abordez vous ce débat qui semble perdu d'avance? Philippe Rolandin: La question n'est pas de savoir si c'est perdu d'avance, on le sait. Ce qui nous pose le plus problème, c'est le contenu même du débat. Evidemment nous souhaitons que les couples homosexuels puissent adopter comme les autres, mais ce projet est un piège symboliquement positif. Je m'explique: aujourd'hui lorsqu'on obtient un agrément pour adopter, un dossier est transmis à l'international. Une fois transférés, les dossiers où il apparaît «femme célibataire» ou «couple homosexuel», sont systématiquement refusés par les pays d'adoption. Cette loi ferait donc paradoxalement reculer les droits des homos, car on sait très bien qu'en trichant un peu,c'est-à-dire en se présentant comme célibataire, on arrive à adopter. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé en Belgique. Les couples homosexuels peuvent obtenir un agrément d'adoption depuis 2006, mais leurs demandes sont rejetées par les autorités des pays d'adoption. Aucun couple de même sexe n'a pu réaliser une adoption internationale depuis la mise en place de cet agrément. Quelles sont vos revendications alors ? Nous souhaitons une action internationale de la France, que notre gouvernement ait une action auprès des organismes internationaux en charge des dossiers d'adoption et des pays d'adoption pour que les couples de même sexe soient reconnus comme adoptants, au même titre que les autres couples.Nous voulons aussi une «unification» des Conseils Généraux. Certains sont «gay friendly», d'autres beaucoup plus fermés à la délivrance d'agréments. Mais là encore, une fois ce problème résolu, persistera celui de l'international. Et concernant les lois de bioéthique en cours de révision au Parlement? Il faut que l'on sorte de l'hypocrisie dans laquelle on est depuis longtemps. Que ce soit l'Aide médicale à la procréation (AMP) ou la Gestation pour autrui (GPA), on sait tous que l'on peut aller en Belgique, en Espagne, aux Etats-Unis ou en Inde. Il faut une ouverture, encadrée, aux célibataires et aux couples majeurs. Je compare souvent avec la loi concernant l'IVG. Avant Simone Veil, les femmes qui avaient les moyens allaient avorter à l'étranger, les autres prenaient de gros risques avec «les faiseuses d'anges». C'est la même chose, il faut une loi qui autorise tout en encadrant correctement. Les couples homosexuels baissent-t-ils les bras? Non, c'est toujours un parcours du combattant pour avoir un enfant, mais nous avons de plus en plus d'adhérents. L'homoparentalité est un phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur. Aujourd'hui, près de 200.000 enfants sont élevés par des couples homosexuels, c'est l'équivalent d'une ville comme Nice. Cela prouve que c'est un réel problème de société qu'il faut résoudre. |
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