22/03/2010 INTERVIEW. Après six années de succès, le mythique after parisien «Under» se voit contraint de s’arrêter en raison d’une nouvelle loi interdisant aux boîtes de nuit d’ouvrir après 7 heures du matin. Jean-Luc Caron, le promoteur de la soirée, a confié à TÊTU son ras-le-bol. «Under» est l’after mensuel parisien qui a su rassembler, autour de la house progressive et de la tech trance, un public majoritairement gay venu de Paris, de province et de l’étranger. Au moment où le promoteur Jean-Luc Caron s’apprête à fêter le sixième anniversaire d’«Under», on apprend que cette édition spéciale marquera la fin de cet after mythique. TÊTU l’a rencontré pour connaître les raisons d’une telle décision. Pourquoi avez-vous décidé d’arrêter «Under»? Jean-Luc Caron: Les inspecteurs de la brigade mondaine se sont présentés au 1er janvier dernier pour me demander d’arrêter. J’ai tout de même continué jusqu’à la convocation de tous les organisateurs de soirées et patrons de discothèques à Paris à la Préfecture de Police le 23 février. Là, nous avons pris connaissance de la nouvelle loi selon laquelle les discothèques à Paris et en province devaient toutes fermer à 7 heures du matin. Le Préfet a ajouté qu’il n’y aurait pas de tolérance d’ouverture jusqu’à 9 heures. Je lui ai donc expliqué que «Under» ne rentrait pas dans cette case puisque cet after débutait à 6 heures. Le responsable de la brigade des stups est intervenu à ce moment-là pour dire qu’il ne voulait plus d’afters à Paris puisqu’il savait très bien ce qui s’y passait. Quelles sont les raisons de cette loi? À la base, cette loi visait à prévenir les accidents de la route et protéger les jeunes en province qui roulent, avec un taux d’alcoolémie élevé dans le sang, pour changer de département et profiter des horaires d’ouverture plus tardifs. Aujourd’hui, les discothèques ferment toutes à la même heure et ont l’interdiction de servir de l’alcool une heure et demie avant la fermeture. Pourquoi, selon vous, en est-on arrivé à cette décision extrême? Le gouvernement aurait demandé à la Préfecture de tout mettre en œuvre pour lutter contre l’augmentation importante de la consommation de drogues en région parisienne. Vous qui avez l’habitude de mixer à Barcelone et à Cologne, comment voyez-vous évoluer la nuit à Paris? Au début de notre entretien, le préfet de police a expliqué qu’il voulait que Paris reste la ville lumière, la ville de la nuit. J’avoue que je ne comprends pas vraiment la démarche. Il me semble que le clubbing en général subit de plein fouet la crise. Mais la réputation du clubbing parisien n’est pas la meilleure. Outre la problématique des prix très élevés pratiqués dans nos établissements et le service qui laisse à désirer, nous manquons cruellement de lieux pour faire la fête à Paris. J’ai l’impression que les touristes gays plébiscitent plutôt les saunas et les cruising bars parisiens. La situation peut-elle évoluer? Aujourd’hui, je suis choqué que les choses s’arrêtent brutalement. Par ailleurs, je remarque que le clubber gay parisien se montre très difficile lorsqu’il est chez lui tandis qu’à l’étranger, il est prêt à toutes les concessions. Au final, je trouve que cette loi, très hypocrite au demeurant, puisqu’elle autorise les bars à servir de l’alcool jusqu’à la fermeture tout en interdisant aux discothèques d’ouvrir après 7 heures, devrait être assouplie. Il faudrait laisser les gens faire la fête et s’amuser à Paris. Croyez-moi, ils savent le faire. Je ne pourrai jamais oublier l’image de ces clubbers qui ne veulent pas quitter la piste même lorsque la musique s’arrête à midi. |
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