13/04/2010 Entretien avec Benoît Arnulf, jeune papa de «In & out», festival de cinéma LGBT qui alterne jusqu’à mardi projections, rencontres et soirées sur la Côte d’Azur. Nice redore son blason gay-friendly. Deux semaines après l’agression présumée dont a été victime un couple de garçons dans un parc, la capitale de la Côte d’Azur sert jusqu’à mardi de décor à «In & out». Le deuxième festival du film gay et lesbien qui réussit la gageure de proposer à la fois une programmation éclectique et pointue. Plus d’une vingtaine de projections en divers points de la ville ponctuées de rencontres avec des maîtres du genre, d’hommages et d’événements festifs. Le festival vu par son directeur artistique, Benoît Arnulf, une encyclopédie du cinéma LGBT à seulement 32 ans. TÊTU: D’où vient «In & out» ? Benoît Arnulf: C’est l’œuvre des Ouvreurs, une association de cinéphiles et de militants des droits LGBT. On a voulu se démarquer des formes classiques de militance pour continuer un travail de sensibilisation en rendant visible différemment l’homosexualité et les questions de genre. Nice, qui est pourtant une des plus grandes villes de France avec une importante communauté gay n’avait pas de festival de cinéma gay. C’est pourquoi on a créé l’an dernier «In & out». Comment décrire cet événement ? C’est un festival de cinéma avec la plus grande diversité possible : de la fiction et du documentaire, du long et du court-métrage, des films cultes et expérimentaux. On met en lumière des cinéastes, des écrivains, des artistes complets et qui contribuent à façonner notre grande histoire commune gay. Pourquoi le thème «Mémoire et mémoire(s)» ? On s’est aperçu que le cinéma LGBT est peuplé d’artisans de la mémoire. On rend hommage à Magnus Hirschfeld, l’un des premiers militants de la cause gay au début du XXe siècle mort à Nice en 1935. Un homme très intelligent qui a très vite compris que le cinéma pouvait être un outil très fort pour médiatiser la tolérance et l’acceptation de l’homosexualité qui était pénalisée. On projette aussi la Pudeur ou l’impudeur, film-testament dans lequel Hervé Guibert raconte la mort d’un malade du sida, dont les victimes étaient encore très marginalisées à l’époque. On a invité Jean-Gabriel Périot qui réalise à partir d’archives, des montages d’images syncopées. Olivier Ducastel et Jacques Martineau viennent présenter l’Arbre et la forêt sur la déportation des homosexuels... Il ne faut pas chérir la mémoire comme quelque chose de figé, mais la connaître et la mûrir pour s’épanouir au présent et préparer l’avenir. Les rencontres, ce sont aussi les points forts de ce festival ? Mercredi, on a passé une journée très intéressante avec Sébastien Lifshitz et son cinéma hors-norme. Cynthia Arra vient dimanche parler de son documentaire, l’Ordre des mots, un bel état des lieux de la question trans. Louis Dupont vient aussi dimanche présenter les Garçons de la piscine, documentaire sur l’homosexualité dans le sport. Lundi, Panos Koutras, très connu pour avoir commis l’Attaque de la moussaka géante vient avec un film aux antipodes, Strella, revisiter la mythologie et la tragédie grecques. On accueillera aussi lundi Olivier Delorme, un écrivain qu’on aime beaucoup. En quoi ce festival se distingue-t-il ? On est très modestes. On n’a rien inventé. On s’est beaucoup inspiré de grands-frères, les festivals de Grenoble et Paris pour la France. «Pink screen» en Belgique. «Cineffable», le festival lesbien et féministe de Paris. On essaye de trouver des petites originalités autour de thématiques, des invitations à découvrir l’univers d’un artiste ou d’un genre. Beaucoup de gens vont au cinéma pour se divertir. On essaye de faire que le cinéma déroute, ébranle, qu’il nous fasse sortir de nos cadres. |
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