13/04/2010 Dernier tabou après la famille et les amis, le travail est (trop) souvent un lieu où les homos préfèrent rester discrets. Désormais, les gays et les lesbiennes de l'opérateur téléphonique SFR, pourront, peut-être, enfin raconter leur week-end autour de la machine à café. C'est dans ce but qu'HomoSFèRe a vu le jour en octobre, après mûre réflexion de sa co-présidente, Sylvie Fondacci (photo). «J'avais envie de créer une association LGBT au sein de l'entreprise, depuis plusieurs années. Autour de moi, des homos s'empêchaient de parler, n'étaient pas eux-mêmes. Pourtant, être épanoui au boulot, ça me paraît essentiel. Mais à l'époque personne n'était motivé pour me suivre.» Désormais, c'est chose faite. Et une vingtaine de salariés, homos et hétéros, ont déjà adhéré à l'association. SFR doit s'engager dans les luttes LGBT Principal objectif d'HomoSFèRe: la visibilité. «Tous les homos de l'entreprise SFR, de Paris ou d'autres sites, doivent savoir qu'ils ne sont pas seuls, que nous les soutiendrons en cas d'homophobie avérée, et que s'ils le souhaitent, ils peuvent partager des moments de convivialité avec les membres de l'association.» La présidente de l'association va même plus loin. «Nous voulons surtout faire en sorte que les ressources humaines s'engagent dans les luttes LGBT. Le jour où nous verrons des affiches à ce sujet dans nos couloirs, nous aurons tout gagné!» Une ambition pas si utopique, puisque l'association est soutenue par la DRH. «Quand nous avons présenté notre projet aux ressources humaines, les concernés ont été "open" tout de suite» raconte Sylvie Fondacci, avant d'ajouter: «Il était temps de mettre les sujets LGBT sur la table. SFR met en avant la diversité depuis plusieurs années, l'entreprise avait même un stand au salon "Rainbow attitude" en 2004. Si elle est prête à reconnaître le marché gay comme un marché lucratif, elle est capable de prendre en considération les homos qui travaillent pour elle!» Des réactions hostiles L'incompréhension est plutôt venue des collaborateurs. «C'est communautariste» ou encore «Ça n'a rien à faire au travail, c'est du domaine de la vie privée», telles sont les remarques qu'ont pu lire les fondateurs d'HomoSFfèRe dans l'Intranet à l'annonce de la création de l'association. «C'est une homophobie masquée, cela montre pourquoi les gays et les lesbiennes sont dans l'auto-censure. Leur peur est parfois exagérée, parfois pas. A mon sens, il n'y a pas de discrimination établie de la part de la direction, mais nous ne sommes jamais à l'abri de mauvaises blagues au sein des services», explique Sylvie Fondacci. HomoSFèRe devra donc briser les tabous; pour cela, la jeune association a déjà rejoint le collectif Homoboulot qui fédère six associations LGBT de grandes entreprises et administrations. Elle prévoit également la diffusion de flyers lors de la journée de lutte contre l'homophobie, le 17 mai prochain, devant le site principal d'SFR à la Défense (banlieue parisienne). A plus long terme, la co-présidente avoue qu'elle aimerait aussi avoir un char à la Marche des fiertés LGBT, mais la priorité est ailleurs. «L'association doit grandir, se développer, nous allons d'ailleurs bientôt intégrer l'inter-LGBT. Plus nous serons nombreux, plus nous serons forts.» |
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