21/06/2010 Pour certains, c’est l’événement de l’année. Mais aussi survoltés et motivés qu’ils soient, il ne suffit pas de marcher pour organiser la gaypride. Rien n’y fait, l’argent, c’est le nerf de la guerre, et en ces temps de crise, il fait parfois défaut. La plupart des marches des fiertés LGBT en France sont organisées par des associations qui ont très peu de fonds propres. Les partenariats commerciaux sont donc vitaux pour elles, mais pas toujours au rendez-vous depuis 2009. C’est le constat dressé par Elisabeth Ronzier, co-secrétaire de la Commission Marche à l'Inter-LGBT de Paris : «L’année dernière, la crise a frappé. Pour la première fois, on s’est retrouvé à court de partenariats. FG Radio, Pernod-Ricard qui étaient des partenaires réguliers ne se sont pas revenus. » Un concert trop cher Première victime à Paris, le traditionnel podium de fin de marche place de la Bastille où se tient le concert gratuit. A plus de 50 000€, il représente près de 80% du coût de la marche. Il a été purement et simplement supprimé en 2009. C’est FG Radio qui en assurait la réussite technique. «Le marché publicitaire étant ce qu’il est, ça ne nous a pas permis de continuer, déplore Antoine Baduel, PDG de FG Radio. Plutôt que de faire cheap ou de moins bonne qualité, on a préféré se retirer. Mais si un jour la pub revient, nous aussi!» Si de nombreuses entreprises ont paru un temps intéressées par un soutien affiché aux marches LGBT de Paris ou de Lyon (Yahoo, Smart,…), elles n’ont finalement pas sauté le pas. Les enseignes étiquetées gay ou gay-friendly sont donc les seules, ou presque, à rester fidèles (Que Fuerte, Net Homo à Paris, Connexion ou Gaydar à Lyon). Pour les autres, le partenariat se limite à des échanges matériels ou de visibilité, néanmoins essentiels. Eau de Paris fournit des T-shirts, la mutuelle étudiante LMDE des bouchons d’oreilles et le fascicule co-édité par TÊTU est distribué en partenariat avec Renault. A noter que la plupart des chars qui défilent sont ceux d’associations et celles-ci sont dispensées de participation financière. Une dépendance aux subventions publiques La conséquence de cette faiblesse des partenariats privés, c’est le recourt croissant au financements publics. Pour la première fois cette année, le Conseil régional d’Ile de France a voté une subvention de 23 303€ en 2010. C’est la seule collectivité à soutenir la marche parisienne. Une contribution bienvenue, puisqu’elle permet le retour du podium et du concert place de la Bastille, le point d’orgue de la marche parisienne le 26 juin prochain. Le phénomène est similaire à Lyon. Cette année, les subventions publiques (ville et région) représentent 45% du budget de la Lesbian and Gay Pride contre moins de 10% en 2003. «C’est en partie lié à la baisse des partenariats commerciaux des petits commerces, mais aussi parce ce que l’on a développé de nombreux outils qui n’existaient pas avant», estime Olivier Borel, vice-président de la LGP Lyon. Avec un festival du film ou des permanences d’avocats, ce budget dépasse largement la simple organisation de la marche. Mais pour tenter de limiter cette dépendance à des subventions forcément aléatoires, de nouvelles sources de financement seront lancées cette année. L’association veut obtenir une reconnaissance d’intérêt général qui permettra la déductibilité fiscale des dons. Et pour la première fois, une collecte aura lieu durant la marche. Testée depuis longtemps à Paris, elle a rapporté 19 000 € en 2009 et permet à l’inter-LGBT de vivre à l’année. Sébastien Letard |
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