29/06/2010 Dans la cité phocéenne, deux parades gays auront lieu à une semaine d'intervalle. C'est une guerre entre associations qui est à l'origine de ces scissions. Retour sur des mois de tensions dans le milieu marseillais. A Marseille, la communauté LGBT a explosé et la marche des fiertés a été emportée dans ses divisions. Cette année, elle se scindera en deux défilés, qui auront lieu les 3 et 10 juillet. A l'origine de cette ambiance délétère: un affrontement entre deux associations, Fiertés de Provence et Tous&Go. Et entre ces frères ennemis, les rancunes sont tenaces, les accusations et les attaques personnelles fusent, les dérapages sont nombreux et ont déjà donné lieu à des dépôts de plainte. «Chasse à l'homme» Ces deux associations sont nées en début d'année, sur les ruines de la Lesbian and gay pride de Marseille. Cette association originelle a disparu en janvier après avoir perdu l'agrément de la Coordination Interpride de France (CIF) pour organiser la marche et utiliser la marque gay pride. «La communauté LGBT de Marseille n'en pouvait plus de l'opacité et du manque de démocratie de la LGP et nous avons saisi la CIF pour leur signaler des pratiques qui allaient à l'encontre de la charte éthique», explique Christophe Lopez, président de Tous&Go. A l'époque, Sébastien Gony, président de Fiertés de Provence, dirigeait la LGP et son analyse est différente. Lui dénonce une collusion entre Christophe Lopez et la CIF, qui auraient mené une chasse à l'homme pour satisfaire l'ambition personnelle du président de Tous&Go. «Nous avions des problèmes financiers et nos statuts déposés à la préfecture n'étaient pas à jour, reconnaît-il. Mais la CIF a mené un double jeu, un travail de longue haleine pour nous éliminer au profit de Christophe Lopez.» Ce n'était pas notre intention de faire deux marches mais M. Lopez a envoyé un communiqué nous interdisant de participer à la gay pride. Aussitôt la LGP éteinte, chacun a monté sa propre association avec un but: décrocher le label gay pride auprès de la CIF. En avril, c'est Tous&Go qui a obtenu ce sésame. «Nous fédérons des commerces et des associations, une équipe compétente et motivée, qui veut faire de la gay pride de Marseille une des plus importantes de Méditerranée. Il faut respecter le choix de la CIF», clame Christophe Lopez. Pour Sébastien Gony, le match n'était pas équitable, presque joué d'avance, et la CIF les aurait défavorisés. Mais il affirme avoir été prêt à rejoindre la gay pride organisée par Tous&Go. «Même si de mauvaises personnes le conduisent, leur projet est beau. Ce n'était pas notre intention de faire deux marches mais M. Lopez a envoyé un communiqué nous interdisant de participer à la gay pride. On peut se demander où est sa charte éthique!» Christophe Lopez estime de son côté avoir tout fait pour éviter la séparation des défilés: «Nous avons tenté de nombreuses négociations mais ils ont semé la division, multiplié les attaques, c'est allé très loin, ce n'était plus possible. S'ils veulent défiler à trois, qu'ils le fassent.» «Aucun rapprochement possible» Fiertés de Provence a obtenu de la municipalité le droit de manifester le 3 juillet, date rituelle des marches marseillaises, et table sur un cortège plus fourni que ce que ne lui prédit son adversaire. «Tous&Go ne fait pas l'unanimité, ils sont tenus par de nombreux engagements politiques et financiers. Beaucoup de commerces et d'associations nous ont rejoints», affirme Sébastien Gony. Pour éviter la concurrence de la gay pride de Barcelone, Tous&Go marchera le 10 juillet et promet un défilé d'une ampleur inédite à Marseille. Ce jour là, Sébastien Gony appelle les LGBT de Marseille à rejoindre Nice, pour participer à la Pink Parade, défilé lui-aussi dissident de la CIF. Sur le long terme, il estime qu'«aucun rapprochement n'est possible» avec Tous&Go. Mais il compte «poursuivre le travail, pour faire vivre un milieu LGBT à Marseille et créer une nouvelle dynamique.» L'ambition de Christian Lopez paraît proche : «On veut redonner de la visibilité et de la lisibilité à la communauté marseillaise, qui est souvent laissée pour compte». Et les deux hommes tombent d'accord sur un autre point: tous les deux jugent la situation «triste» et «déplorable». |
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