13/08/2010 L’accès au dépistage pour tous est l’un des enjeux majeurs discutés à la conférence internationale sur le sida à Vienne. En France, le projet de dépistage communautaire non médicalisé Com'Test a présenté des résultats intéressants pour les gays. Quel est ce projet ? L’agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) avait décidé, en novembre 2008, de lancer une expérimentation de dépistage rapide, hors centres de soins, à visée de la population gay. L’essai a eu lieu à Montpellier, Lille, Bordeaux et Paris, dans les locaux de Aides ou d’associations LGBT partenaires. Les dépistages ont été réalisés avec un test rapide: une simple goutte de sang prélevée au bout du doigt et le résultat est disponible en une demi-heure. «Le test a une fiabilité de 97% à deux mois. C’est très légèrement inférieur aux tests classiques, mais ça reste fiable et ce type d’approche permet de toucher beaucoup plus de monde», explique Jean-Marie Legall, de Aides, conseiller scientifique sur Com'Test. Quels résultats ? Un tiers des personnes qui se sont présentées n’avaient pas fait de tests depuis au moins deux ans. Le mauvais accueil dans les centres traditionnels leur paraissait décourageant. «Nous avons pu faire intégrer la pratique du dépistage, 9% de ces personnes sont mêmes revenues plusieurs fois», constate Jean-Marie Legall. Point important, les dépistés positifs au VIH l’étaient à un stade moins avancé que dans les centres médicalisés. Ce résultat, sur un échantillon aussi petit, n’a pas de valeur statistique, mais il montre l’intérêt de ce dépistage communautaire: il est plus facile d’être traité avec succès quand on est dépisté tôt. Quelle sera la suite ? Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, a annoncé à Vienne son intention de «banaliser» le dépistage du sida en multipliant les tests réalisés par des non-professionnels de santé. Dix centres de «santé sexuelle» pourraient ainsi ouvrir dès 2011, à l’instar du centre parisien Le 190, un vrai succès (lire notre article). Pour autant, Aides attend encore des moyens des agences régionales de santé. «Nous voudrions développer de l’outreach, aller dans les saunas, les bars», milite Jean-Marie Legall. Pour Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS, les blocages subsistent encore chez les médecins et les biologistes, «on touche à un dogme. Les biologistes vont continuer à faire du lobbying pour un examen complémentaire.» |
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