18/09/2010 Soudain, les grands médias s'inquiètent que la moitié des nouvelles contaminations au virus du sida se fassent désormais via un rapport homosexuel. Un emballement médiatique un peu débridé, mais pas forcément inutile. Depuis quelques jours, les médias ressassent des chiffres inquiétants. Sur l'année 2008, près de la moitié des contaminations au VIH l'étaient lors d'un rapport homosexuel. C'est-à-dire que sur les près de 7.000 personnes contaminées par le VIH en 2008, 3.300 (soit 48%) étaient des hommes qui ont contracté le virus par un rapport sexuel avec un autre homme. Et parmi les hommes qui ont eu des rapports homosexuels, le nombre de contaminations ne diminue pas, contrairement à la tendance générale. Soit une incidence 200 fois supérieure à celle estimée dans la population hétérosexuelle française. Sauf que… il n'y a là rien de bien nouveau, malheureusement. On connaît ces chiffres, qui émanent d'une estimation entre 2003 et 2008 de l'InVs, depuis novembre 2009. Spectaculaire Si ces chiffres refont parler d'eux aujourd'hui, c'est parce qu'ils ont été repris cette semaine dans la revue scientifique britannique The Lancet, avec cette formule choc: l'épidémie, dans la population des hommes ayant des rapports homosexuels, serait «hors de contrôle». Cette phrase, reprise en titre d'un article du webmagazine Slate, accolée à une photo non moins spectaculaire et un peu facile (un manifestant musclé et huilé à une gay pride), a fait mouche. Google news recense une soixantaine d'articles sur le sujet. Pour une info datant de novembre 2009, cela fait beaucoup… De plus, cet emballement médiatique repose sur un raccourci: quand les médias parlent de «contaminations chez les homosexuels», l'étude évoque les «hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH)», soit un terme prudent qui inclut les gays, mais aussi les bisexuels, les hétéros mariés qui trompent leur femme avec des hommes… et tout l'éventail de la population masculine qui peut avoir des pratiques sexuelles avec un autre homme sans pour autant se définir comme «gay». Or les responsables de cette forte contamination désignés par la plupart des médias, y compris Slate… sont bien «les homosexuels». Cette reprise tardive de l'information par les médias ne doit pas faire oublier l'urgence de la re-mobilisation des gays contre les IST. Urgence Reste que bien sûr, cette reprise tardive de l'information par les médias ne doit pas faire oublier l'urgence de la re-mobilisation des gays contre les IST. C'est l'occasion pour les associations de prôner –comme elles l'ont déjà fait– des messages de prévention spécialisés et ciblés envers les communautés les plus vulnérables. «Les gens qui ne se reconnaissent pas dans une communauté, qui ne fréquentent pas les lieux, ne lisent pas les magazines, sont beaucoup plus difficilement accessibles, et c'est probablement dans ces populations-là qu'il y a un problème» a déclaré Hugues Fischer, coordinateur de la prévention au sein d'Act Up-Paris, sur France Inter. L'Inter-LGBT, elle, réclame une «politique d'envergure» pour la prévention. «Les associations de lutte contre le sida sonnent l'alerte depuis des années mais les moyens des politiques publiques liées au VIH continuent de baisser», écrit l'inter-associative dans un communiqué. Et si la médiatisation soudaine du problème permet de faire bouger ce statu quo, ce sera toujours ça de gagné. |
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