18/09/2010 Déjà ébranlée par les réformes hospitalières, la prise en charge du VIH est menacée par la politique de réorganisation des soins. Tel est le constat alarmant des chercheurs, soignants et associations réunis à Paris vendredi dernier. Une très forte inquiétude: tel était le sentiment général lors de la journée organisée le 10 septembre par le collectif TRT-5*, pour réfléchir à la qualité des soins et l'organisation de la prise en charge de l'infection à VIH. C'est que la situation est «tendue»: rien qu'à Paris, fermeture du service de l'Hôpital Saint Joseph fin 2008, puis tout récemment (début septembre) de la pharmacie dispensant les antirétroviraux à l'Hôpital Cochin. De nombreux projets de regroupements de services sont aussi à l'ordre du jour. «Les tensions sont très fortes en Ile-de-France, qui réunit la majorité des patients suivis. Sous couvert de réorganisations des services, on voit se profiler une diminution de l'offre de soins, explique François Berdougo-Le Blanc, coordinateur du TRT-5. Mais la France entière est concernée.» Un système au bord de l' «implosion» Grâce aux traitements, la durée de vie s'allonge. Et 7 000 nouvelles personnes se contaminent chaque année. Au final, le nombre de patients pris en charge a augmenté de 4 % par an depuis 2006, selon l'Assurance Maladie. Et cela devrait s'accélérer si les recommandations d'amélioration du dépistage sont suivies, car on estime que 50 000 personnes ignorent leur séropositivité. Mais, «si l'on n'augmente pas en parallèle la capacité de prise en charge, le système va imploser, prévient l'épidémiologiste Dominique Costagliola (Inserm). Même si le nombre de personnes dépistées ne fait que doubler». Comme tous les deux ans, les experts français ont remis cet été à la ministre de la Santé un rapport qui vise à améliorer la qualité des soins. Mais « les recommandations sont impossibles à appliquer, faute de temps », s'alarme Willy Rozenbaum, président du Conseil national du sida. « Ces dernières années, j'ai vu ma consultation hospitalière se dégrader. Le temps d'écoute diminue », témoigne une patiente de Montpellier. Aujourd'hui, 88 % des patients traités connaissent un «succès» thérapeutique. Sous prétexte d'économies, ce résultat est-il menacé ? Comme beaucoup, Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses de l'Hôpital Tenon, le pense. «Il faut arrêter de culpabiliser les patients. Le déficit financier a été organisé, c'est un choix politique. Lors de la mise en place de la tarification à l'activité (T2A), on a rendu les patients séropositifs «non rentables», en remboursant mal les actes les concernant». Les patients oubliés dans les réorganisations Les acteurs de la lutte contre le sida cherchent donc des alternatives à la prise en charge à l'hôpital. Les médecins généralistes pourraient-ils, dans certaines conditions et après une formation, prendre en charge certains patients? Peut-être. Mais conserver une offre de soins diversifiée restera nécessaire pour répondre à la diversité des patients. «La réflexion ne devrait pas se faire sous contrainte financière, mais être centrée sur les besoins et la qualité des soins», déplore Franck Barbier, responsable santé à Aides. *)Le TRT-5 regroupe 10 associations de lutte contre le sida Actif Santé, Actions Traitements, Act Up Paris, Act Up Sud Ouest, Aides, Arcat, Dessine moi un mouton, Nova Dona, Sida Info Service, Sol En Si. |
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