03/11/2010 L'ancien maire de Montpellier et président de la région Languedoc-Roussillon est mort dimanche d'une crise cardiaque. Depuis, les associations LGBT multiplient les hommages ou prennent leurs distances, sans oublier ce que les gays lui doivent. Ironie du destin, dimanche soir, au moment où l'on apprenait la mort brutale de Georges Frêche, des quartiers entiers de Montpellier étaient plongés dans l'obscurité la plus totale suite aux coupures d'électricité causées par les très fortes pluies, comme le symbole d'une grande tristesse qui allait ébranler toute une ville et une région; le Languedoc-Roussillon, dont il était le président. «J'ai pris 30 ans dans la gueule» Depuis, la stupeur passée, les hommages pleuvent. Le Collectif contre l'homophobie (CCH) fait part de «sa gratitude pour son soutien indéfectible qui remonte à son élection à la Mairie de Montpellier en 1977.» La Lesbian& Gay Pride Languedoc-Roussillon salue «la mémoire d'un grand homme, défenseur des libertés et de l'égalité» et un allié «dont l'empreinte et le combat à nos côtés resteront indélébiles.» Claude Basty, ancien membre du Groupe de libération homosexuel (GLH) de Montpellier, se souvient du soutien du maire Georges Frêche en 1977 pour l'obtention d'un local. «Il nous avait fait remarquer non sans humour qu'il aurait eu moins de souci avec ce local s'il l'avait octroyé à l'amicale des boulistes» ajoute ce montpelliérain qui avoue avec une pointe d'émotion dans la voix : «Hier soir, j'ai pris 30 ans dans la gueule». «Une figure qui s'en va» Pourtant dans ce concert d'hommages certains prennent leur distance et appellent «à résorber activement son lourd héritage suite à ses propos racistes, sexistes ou homophobes» comme Tjenbé Rèd. Christophe Girard, adjoint PS au maire de Paris, chargé de la culture, est plus catégorique en déclarant que «Georges Frêche était certes un homme cultivé, un très fin politique, mais sans aucune morale donc son décès ne peut pas m'attrister». Localement, Fabienne Larrivière, ancienne présidente de la Lesbian& Gay Pride, reconnaît «son soutien au début de la LGP en 1995 et son côté visionnaire, mais j'étais en opposition en raison de ses récents propos. C'est une figure qui s'en va». Georges Frêche, maire de Montpellier de 1977 à 2004, président de la région Languedoc-Roussillon et de Montpellier Agglomération depuis 2004, aura régné en maître et seigneur sur la vie politique locale en développant la diversité culturelle, avec dans son sillage, entre autres, Jean-Paul Montanari et Dominique Bagouet, décédé du sida en 1992. D'où son soutien à la création des associations Aides et Envie en 1992 et 1997, à l'ouverture en 1994 du Centre Gay et Lesbien de Montpellier, puis en 1997 à la création du CCH. En janvier 2003, Georges Frêche accordait les mêmes droits aux employés municipaux pacsés qu'à ceux mariés. Paradoxe vivant En février 2006, il traite «de sous-hommes» deux harkis. En appel, sa condamnation sera infirmée. Cette affaire lui vaut son exclusion du Parti socialiste. S'ensuivent les propos sur les joueurs de couleur de l'équipe de France, sur sa défiance concernant Laurent Fabius, lue comme une atteinte à sa confession. Provocateur, hégémonique, despote, cynique, paradoxe vivant, figure controversée et gênante, Georges Frêche aimait à dire «qu'il aurait dû devenir soit homosexuel, soit macho». D'après Hussein Bourgi, président du CCH, et proche de Georges Frêche, «ses excès et sa démesure masquaient en réalité sa timidité, sa sensibilité et sa pudeur.» En pleine campagne des régionales, en mars 2010, alors que le CCH avait protesté contre l'élu qui venait de traiter Michel Rocard de «lopette», Hussein Bourgi se souvient de l'appel matinal de Georges Frêche lui disant : «Je suis vraiment désolé d'avoir utilisé ce vilain mot. Je suis sous pression en ce moment à cause de la campagne. Je suis conscient que ceci peut expliquer mon écart de langage mais ne saurait l'excuser aussi je vous demande pardon car je ne veux pas qu'un nuage voile notre amitié». Electoralement, il n'existait aucun voile entre le Languedoc-Roussillon et Georges Frêche puisqu'il fut réélu en mars dernier avec 54,19% des voix, après avoir battu à plate couture la liste du Parti socialiste au premier tour (34,28% contre 7,74%). Une chapelle ardente sera dressée à l'Hôtel de région mardi 26 octobre à partir de 9h30. Les obsèques auront lieu mercredi 27 octobre, à 10h30, à la cathédrale Saint-Pierre de Montpellier. |
Webmaster / Éditeur : Monclubgay.com © | Réalisation : Nichetoo.net | ||
Conditions d'utilisation |
|