20/11/2010 Une haie de bras d'honneur, symboles d'un sang qui ne sera pas prélevé, concluait l'action qui avait lieu hier dans la Ville rose. Pour informer le public contre l'idée que le don du sang des gays serait dangereux. Sur le mode du «kiss-in», le collectif toulousain Homodonneur organisait samedi son premier «blood-in» devant la Maison du don de Toulouse. L’occasion d’informer le public de l’interdiction faite aux homosexuels masculins de donner leur sang et de contrecarrer l’argumentation scientifique de l’EFS. Il y a un peu plus d’un an, Frédéric Pecharman entamait une grève de la faim pour protester contre son exclusion du registre des donneurs de moelle osseuse du fait de son homosexualité. Avec le collectif Homodonneur, il interpellait hier les passants des allées Jean-Jaurès, déjà dans la Ville rose, afin de les sensibiliser au retour des gays dans le circuit transfusionnel. «Que cent pour cent des Français soient au courant! D’où la nécessité d’un débat.» Pas de discrimination, un principe de précaution Ce débat, les Homodonneurs le souhaitent avec l’Etablissement français du sang (EFS), qui considère leur attitude contre-productive. Pour François Destruel, directeur régional de l'institution, «les débatteurs n’ont pas raison, les chiffres oui! Ces trois dernières années, trois dons effectués en Midi-Pyrénées par des homosexuels non avoués (lors de l’entretien préliminaire) se sont révélés porteurs du virus du sida. Nous n’avons pas le droit de faire prendre un risque aux malades.» Sous couvert d’un arrêté ministériel de 2009, l’EFS justifie sa sélection des donneurs par le caractère indétectable d’une contamination récente par le VIH sur le test de dépistage réalisé sur chaque don. L’Institut de veille sanitaire estime que le taux de prévalence est de l’ordre de 10 à 15 % chez les gays, contre 0,2 % dans la population générale. Un argument auquel le collectif Homodonneur réplique aisément: «Cela signifie donc qu’au moins 80 % des homos peuvent donner! Nous avons des griefs contre la logique de l’organisation. Notre propos n’est pas de dire que l’EFS est homophobe ou applique une discrimination, ce n’est pas le cas», assure Frédéric Pecharman. La Halde non plus n'estime pas qu'il y a une discrimination, puisque le don n'est pas considéré comme «un bien ou un service». Et les lesbiennes, elles, peuvent donner leur sang. Le scandale du sang contaminé en fond de toile Alors que l’Espagne, le Portugal et l’Italie autorisent le don du sang des gays depuis plusieurs années, le Dr Estruel rappelle «l’ambition de la communauté scientifique française, unanime sur cette question, d’une transfusion sanguine qui soit au top.» Sans qu'il soit nommé, le scandale du sang contaminé semble bien ancré dans les têtes… Ecartant du don les personnes les plus exposées, l’ESF redoute aussi le «vagabondage» de certains partenaires hétérosexuels en avouant, non sans malaise, ne pas avoir le choix par crainte d’une pénurie de donneurs. Le collectif Homodonneur réclame que la sélection nécessaire se fasse justement sur la prise de risques, non pas sur l’appartenance à un groupe. Emblématique, la haie de bras donneurs tendus vers le ciel (photos), symbole d'un sang qui ne sera pas prélevé, clôturait le «blood-in», une première que les organisateurs espèrent voir se reproduire dans d’autres villes françaises. |
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