04/01/2011 Marocain, gay, âgé de 25 ans, il est sous le coup depuis mercredi d'un arrêté de reconduite à la frontière. Homosexuel, il a quitté son pays et vit pleinement en France cette sexualité qui au Maroc peut le conduire en prison. La justice doit se prononcer aujourd'hui. Le témoignage de Karim est édifiant, exemplaire de la difficulté d'être gay dans un pays où l'homosexualité est toujours un délit, punissable de trois ans de prison... Arrivé en France en 2003 à la faveur d'un visa touristique, il y rejoint sa sœur, à Paris. Il vivote, fait des petits boulots, les marchés, dort à droite à gauche, parfois dehors... Mais à côté de ce qu'il vivait au Maroc, c'était déjà ça. Là-bas en effet, son homosexualité pose problème: «J'étais complexé, j'ai subi des violences... Ma famille a mal supporté mes préférences sexuelles». Et l'aurait mis à la porte. «Mon père est imam...» Ça ne facilite pas les choses. «Je préférerais aller en prison en France que retourner au Maroc...» admet-il. Et pourtant Karim veut s'en sortir. En France il vit enfin sa sexualité plus sereinement, s'habille, se coiffe comme n'importe quel jeune gay qui aime la mode et ne se cache pas... Il descend à Marseille, se forme à la comptabilité et décroche un job. C'est là que les choses déraillent: son employeur lui promet de l'aider dans ses démarches administratives pour décrocher une régularisation par le travail. Mensonge. Son patron met un terme à son CDD. Las, Karim prend un train au hasard et atterrit à Bordeaux. Il y rencontre un compagnon qui ignore tout de sa situation. Volontaire, se sentant dans son bon droit, il décide mardi 21 décembre de déposer plainte au commissariat central de Bordeaux contre son employeur phocéen. Il accepte à l'occasion de confier son passeport au policier qui le reçoit. Le lendemain, au lieu de repartir avec le titre de séjour escompté, contre son passeport, il se voit remettre un arrêté de reconduite à la frontière. «Ici, Karim est intégré» «C'est tout simplement impossible», fait valoir Maître Uldrif Astié. L'avocat qui a saisi le tribunal administratif rappelle qu'au Maroc, en raison de son homosexualité «Karim sera encore plus démuni, marginalisé, mis au ban. Par sa famille et par la société. Ici, Karim est intégré, là-bas il risque la prison. Depuis l'indépendance du Maroc en 1956, des milliers d'homos ont été emprisonnés.» Mardi 28 décembre, une audience est prévue au tribunal administratif qui statuera sur la validité de l'arrête. Le but de maître Astié étant de montrer qu'au regard des éléments développés, il y a une erreur manifeste d'appréciation de la situation par le préfet. |
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