19/01/2011 C'était l'une des interrogations du procès: l'atroce agression de ce jeune homo allait-elle être reconnue comme à caractère homophobe? La justice a tranché... Compte-rendu de la première journée d'audience. Passé à tabac, torturé et laissé pour mort un soir de 2006, Bruno Wiel a, pour la première fois mardi, revu le visage de ses quatre tortionnaires présumés qui comparaissent devant la cour d'assises du Val-de-Marne pour s'en être pris à lui parce qu'il était homosexuel. Noircissant un petit calepin de notes, M. Wiel, 33 ans, n'a quasiment pas quitté du regard le box des accusés au premier jour d'un procès qui doit, selon des associations, être aussi celui de l'homophobie. «Il prend des notes parce qu'il a peur d'oublier, parce qu'il cherche son histoire», a commenté son avocate Me Sophie Maltet, rappelant que son client, silhouette fluette et fines lunettes, a perdu tout souvenir de son agression. «L'angoisse c'est d'avoir des flashs et que tout revienne, mais pour le moment cela ne s'est pas produit», a poursuivi l'avocate. Réapprendre à parler C'est dans la nuit 19 au 20 juillet 2006 que Bruno Wiel a croisé le chemin des accusés. A la sortie d'un bar gay de Paris, il aurait accepté de monter dans leur voiture avec, semble-t-il, l'espoir d'avoir rencontré des amants d'un soir. Conduit dans un parc de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), l'homme âgé alors de 28 ans endure un calvaire: frappé, brûlé et sodomisé à l'aide d'un bâton, il sera retrouvé un jour plus tard, nu et agonisant et restera hospitalisé pendant près de sept mois. En raison de la violence des coups, la moitié de son cerveau a été atrophié, sa mâchoire a dû être recousue et il a dû «réapprendre» à parler, selon son avocate. L'acte d'accusation tranche En attendant l'examen des faits la semaine prochaine, la question centrale du procès est restée en suspens: Bruno Wiel a-t-il été violenté parce qu'il était homosexuel? L'acte d'accusation a tranché: les quatre principaux accusés sont jugés pour actes de tortures et de barbarie et tentative de meurtre aggravés par un mobile homophobe. Ils encourent la réclusion à perpétuité. Trois d'entre eux comparaissent également à Créteil, aux côtés de deux complices, pour deux autres agressions commises au cours de ce même été 2006 autour de quartiers gays de Paris. «Il y a eu un degré d'inhunamité atteint parce qu'il était homosexuel.» Le président de SOS homophobie Un acte sauvage «parce qu'il était homo» Il y a eu contre M. Wiel «un degré d'inhunamité atteint parce qu'il était homosexuel. (…) Ce n'est pas juste un crime crapuleux», a soutenu devant la presse Bartholomé Girard, président de SOS homophobie, partie civile au procès. Pendant l'instruction, les accusés, quatre désoeuvrés âgés de 25 à 30 ans, ont toutefois contesté tout mobile homophobe, mais sans livrer d'explications à leurs actes. Aujourd'hui, leurs avocats se sont montrés peu diserts devant la presse. Me Céline Bouchereau a évoqué «le parcours de vie compliqué» de son client, David Deugoue N'Gagoue. «A la suite du décès de son père, il s'est créé un double personnage qu'il appelait d'un autre nom, (…) le mauvais côté de sa personnalité, celui qui fait le mal», a-t-elle détaillé. Accès de violence Premier à être entendu à la barre, son co-accusé Julien Sanchez a déroulé le fil d'une existence chaotique et d'une «enfance douloureuse». «Je n'ai aucun bon souvenir», lâche-t-il, évoquant un père «au comportement pas respectable». - «Vous voulez en dire plus?», l'interroge le président. - «Non», rétorque sèchement l'accusé avant d'évoquer, en larmes, les attouchements sexuels que son père lui aurait fait subir, à lui et à sa soeur. Condamné à plusieurs reprises, incarcéré depuis 2006, M. Sanchez assure être désormais conscient qu'il est sujet à des accès de violence. «Cette violence, vous vous l'expliquez?», lui demande le président. La réponse fuse: «Non». Le verdict est attendu le 28 janvier. |
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