26/01/2011 Au quatrième jour du procès de ses bourreaux, le jeune gay s'est confié sur son état d'esprit. Après quatre jours d'audience, Bruno Wiel a pris beaucoup de notes et acquis une conviction: ses quatre tortionnaires présumés, jugés à Créteil pour l'avoir passé à tabac et torturé un soir de 2006 parce qu'il était homosexuel, ne savent pas «où sont le bien et le mal». «En dehors de leur sphère, leurs amis, leurs familles, le reste, tout ça n'existe pas. IIs peuvent être violents avec tout ce qui leur est extérieur», déclare-t-il, persuadé de l'homophobie de ceux qui lui font face dans le box des assises du Val-de-Marne. «Je ne vois pas de regrets dans leur regards. Ils sont simplement emmerdés d'être là», poursuit-il. «Les gens ne pourraient pas le croire» Bruno Wiel, 33 ans, revient de loin. Frappé, violé il avait été découvert nu et agonisant à Vitry-sur-Seine. Hospitalisé sept mois après quinze jours de coma, il a dû réapprendre à parler. «On mettrait tout ça dans un téléfilm, les gens ne pourraient pas croire que je peux aujourd'hui être debout à m'exprimer», dit-il, lui qui a toutefois perdu tout souvenir de son agression. «A l'époque, cette amnésie était une souffrance, je me suis même renseigné sur l'hypnose pour me réapproprier tout ça… jusqu'à ce que je lise leurs déclarations. Là je me suis dit: “ouh là c'est violent!” Maintenant, ne pas me souvenir est un soulagement», souligne l'homme à la frêle silhouette. «Impossible que je sois monté dans leur voiture» Alors que la cour se penchera lundi sur les faits, cette amnésie le soumet toutefois au bon vouloir des accusés. «Ce sont les seuls à détenir la vérité. Je ne peux pas les contredire», soupire-t-il. L'envie ne lui en manque pas. D'après les déclarations des accusés, Bruno Wiel aurait, à la sortie d'un bar gay de Paris, accepté de monter dans leur voiture espérant avoir rencontré des amants d'un soir. «C'est totalement impossible que je sois monté volontairement. J'avais peut-être bu, mais de là à partir en banlieue avec quatre inconnus alors que je n'avais jamais quitté Paris intra muros… J'ai toujours été très peureux», clame-t-il. «ils ont bien appris leurs leçons par coeur» Après avoir passé quatre journées à écouter la vie des accusés, brisée par les souffrances familiales et les carences affectives, Bruno Wiel rejette toute circonstance atténuante. «Ça n'excuse rien. ils essayent de se victimiser mais ils n'ont pas voulu s'en sortir.» Je n'ai pas été élevé avec une cuillère en argent dans la bouche, loin de là, et pourtant je ne suis pas devenu un voyou», dit-il, choqué du décalage entre les déclarations, très crues, des accusés devant les enquêteurs et celles plus policées à la barre. «Maintenant ils font des belles phrases, ils ont bien appris leurs leçons par coeur», ironise-t-il. «C'est de l'homophobie» Interrogés par la cour sur leur principale qualité, plusieurs d'entre eux ont répondu: «la gentillesse». «Comment peuvent-ils dire ça alors que je suis dans la salle?», lâche M. Wiel. A la barre, les accusés ont également fait assaut de contrition tout en continuant de contester toute forme d'homophobie. M. Wiel n'y croit pas. «Je ne suis pas la seule victime. Ils ont ciblé et agressé d'autres personnes parce qu'elles étaient homosexuelles», a-t-il assuré. Trois des ses agresseurs présumés sont également poursuivis à Créteil avec deux accusés pour deux autres agressions commises pendant ce même été 2006 autour de bars gays de Paris. |
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